En Inde, le gouvernement Modi parie sur le pourrissement de la contestation

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« Nous résisterons » dit la pancarte de ce manifestant contre la nouvelle loi sur la nationalité, le 22 décembre à Bangalore.
« Nous résisterons » dit la pancarte de ce manifestant contre la nouvelle loi sur la nationalité, le 22 décembre à Bangalore. MANJUNATH KIRAN / AFP

Au sortir d’un week-end de nouvelles manifestations violentes contre la réforme de la nationalité qui secouent l’Inde depuis dix jours, Narendra Modi est enfin sorti de son silence, dimanche 22 décembre, pour accuser ses adversaires politiques de « mensonges ». Alors que des heurts sanglants ont encore éclaté dans le pays, portant à vingt-cinq le nombre de morts sous les balles de la police, essentiellement dans la vallée du Gange (Nord), le premier ministre a cherché à rassurer la communauté musulmane.

« Des partis d’opposition colportent toutes sortes de rumeurs, trompent les gens et attisent leurs émotions contre la loi » adoptée le 11 décembre au Parlement, a-t-il déclaré lors d’un meeting destiné à lancer la campagne des élections régionales, prévues à Delhi au début de l’année 2020. Le texte incriminé, le Citizenship Amendment Act (CAA), facilite l’accès à la nationalité indienne aux immigrés pakistanais, bangladais et afghans persécutés dans leur pays pour leur religion et arrivés en Inde avant 2015, sous réserve qu’ils ne soient pas musulmans.

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Depuis la pelouse de Ram Leela, en plein cœur de la capitale et à quelques centaines de mètres à peine de Daryaganj, le quartier où de violentes échauffourées avaient eu lieu deux jours plus tôt entre manifestants et forces de l’ordre, le dirigeant nationaliste hindou a juré que sa politique n’avait « rien à voir avec les musulmans de l’Inde ». Il a martelé que sa réforme ne concernait pas les citoyens indiens. « Les musulmans qui sont les fils du sol indien et dont les ancêtres sont les enfants de notre mère patrie n’ont pas à s’inquiéter », a-t-il assuré.

« Non à Modi » est inscrit sur le front de ce manifestant de New Delhi, le 22 décembre.
« Non à Modi » est inscrit sur le front de ce manifestant de New Delhi, le 22 décembre. DANISH SIDDIQUI / REUTERS

Le parti du Congrès, principale formation d’opposition, a répliqué à ces propos en affirmant que le gouvernement Modi avait créé dans le pays « un environnement de peur et d’incertitude », non seulement par le vote du CAA mais également par la menace, brandie par le ministre de l’intérieur Amit Shah, de généraliser le Registre national des citoyens (NRC). Ce dispositif est destiné à identifier les migrants « illégaux » installés en Inde et supposés être majoritairement musulmans, mis en œuvre dans l’Assam, où près de deux millions de personnes risquent de devenir apatrides à compter du 1er janvier prochain.

Violences policières

Par endroits, comme à Gorakhpur (Haryana) et à Rampur (Uttar Pradesh) samedi 21 décembre, le gouvernement continue d’imposer des mesures coercitives d’urgence, tel l’article 144 du code pénal qui interdit tout rassemblement de plus de quatre personnes sur la voie publique. Pas de quoi dissuader les manifestants, lesquels font au contraire systématiquement fi des interdictions. « Bien qu’il ait recouru à la fermeture d’Internet et des services de téléphonie mobile dans plusieurs régions, y compris à Delhi, le gouvernement n’est pas en mesure de contenir l’ampleur de ce mouvement national qui est l’un des plus importants de ces dernières décennies », observe Pratap Bhanu Mehta dans une tribune publiée le 20 décembre par la revue Foreign Affairs.

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