En Belgique, une première condamnation pour génocide dans les enquêtes sur le Rwanda

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Le Rwandais Fabien Neretsé (à gauche), à Bruxelles, le 4 novembre 2019.
Le Rwandais Fabien Neretsé (à gauche), à Bruxelles, le 4 novembre 2019. JOHN THYS / AFP

Coupable de génocide. Coupable de crimes de guerre. Le jury de la cour d’assises de Bruxelles n’aura pas vacillé, malgré les dénégations virulentes et contradictoires de Fabien Neretsé, ressortissant rwandais de 71 ans, condamné, vendredi 20 décembre, à 25 ans de réclusion. « La motivation du jury est une motivation de principe qui pourra être utilisée pour disqualifier l’idéologie génocidaire », pense Me Eric Gillet, au nom des parties civiles. C’est un procès « qui s’inscrit dans l’histoire de l’humanité », ajoute, vibrante, Me Michèle Hirsch, elle aussi avocate des parties civiles.

Le verdict rendu à l’encontre de Fabien Neretsé à l’issue de six semaines d’audiences est unique en son genre. C’est la première fois qu’un tribunal belge condamne un individu pour « crime de génocide », alors que des procès de génocidaires hutu se tiennent à Bruxelles depuis 2001 dans le cadre de la loi sur la compétence universelle et que, à chaque fois, c’est le chef d’accusation de « crimes de guerre » qui était retenu. Près de 800 000 Tutsi avaient été massacrés en 1994 au Rwanda.

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Dans sa « formulation des motifs », le jury détaille le sens profond de cette peine, soupesant les mots, pour qu’ils collent à la gravité du moment. « Les faits (…) commis par Fabien Neretsé portent une atteinte irrémédiable à l’humanité tout entière. » Toujours selon les jurés, Fabien Neretsé a participé à un « génocide de proximité ». Il a « contribué à la banalisation du crime » et s’est servi du procès comme d’un tremplin pour « véhiculer l’idéologie génocidaire qui est la sienne ». Si le jury n’a pas suivi le procureur qui requérait trente ans de prison, c’est en raison de circonstances atténuantes, en l’occurrence l’âge de Fabien Neretsé.

Selon le jury, Fabien Neretsé s’est révélé « sans pitié et extrêmement organisé ». Les crimes de guerre qu’il a commis se sont d’abord déroulés à Kigali. Le 9 avril 1994, soit trois jours après l’assassinat du président rwandais Juvénal Habyarimana qui servit de signal de départ aux tueries, Fabien Neresté dénonçait des familles de son propre quartier, qui prenaient la fuite pour rejoindre la mission des Nations unies pour l’assistance au Rwanda. Il s’agissait des familles Sissi et Gakwaya ainsi que de la famille belgo-rwandaise composée de Claire Beckers, Isaïe Bucyana et de leur fille Katia.

« Ennemi intérieur »

Hommes, femmes, enfants. En tout, onze personnes furent assassinées d’une balle dans la tête, dans le jardin, derrière la maison de la famille Sissi. Au milieu des cadavres, deux enfants, frères et sœurs, se sont fait passer pour morts. Ils ont survécu. L’aînée des deux miraculés s’est exprimée lors du procès. Elle dit avoir reconnu Fabien Neretsé en train de la chercher, après sa fuite, en compagnie d’une milice Interhamwe – du nom des groupes armés créés par le parti du président Habyarimana. Auparavant, Gérard Gakwaya avait déjà vu ce même Fabien Neretsé montrer du doigt la maison dans laquelle sa femme et sa fille de huit mois ont été tuées de sang-froid.

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