En Suède, les effets pervers de la tolérance zéro contre la drogue

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Des policiers sécurisent une scène de crime après une fusillade dans une rue de Malmö, le 18 juin 2018.
Des policiers sécurisent une scène de crime après une fusillade dans une rue de Malmö, le 18 juin 2018. JOHAN NILSSON / AFP

LETTRE DE SUÈDE

Plus de 300 fusillades. 37 morts. Une centaine de blessés. Tel est le bilan, pour 2019, de la guerre des gangs en Suède. Un fléau qui s’est imposé, ces derniers mois, à l’agenda politique, donnant lieu à une surenchère répressive rare entre les formations politiques, au profit de l’extrême droite, en tête désormais dans les sondages, devant le parti social-démocrate du premier ministre Stefan Löfven.

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De la politique de lutte contre les drogues, toutefois, pas un mot, même si le trafic de stupéfiants est au cœur de cette criminalité organisée. Car officiellement, la « tolérance zéro », appliquée depuis trois décennies, fonctionne. Stockholm l’a encore répété, dans un document transmis à l’Organisation des Nations unies (ONU), en 2016, arguant de la faiblesse de la consommation de la drogue chez les jeunes.

566 overdoses en 2018

Sauf qu’à y regarder de plus près, la situation est loin d’être aussi satisfaisante. En 2017, 626 personnes sont mortes en Suède des suites d’une surdose, soit 92 décès par million d’habitants, âgés de 15 à 64 ans. Or la moyenne européenne, selon l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (EMCDDA), basé à Lisbonne, était de 22,6 décès par million d’habitants. Et un seul pays, l’Estonie, dépassait la Suède, avec 103 décès par million. Pour 2018, l’Agence suédoise de la santé publique rapporte encore 566 décès.

Directeur de l’unité de prévention, Joakim Strandberg met en garde contre les comparaisons internationales. La Suède, rappelle-t-il, « a des statistiques très précises, ce qui n’est pas le cas de tous les pays ». L’explication fait grincer des dents le criminologue Henrik Tham : « C’est l’argument sans cesse utilisé par les défenseurs de la politique suédoise, qui refusent d’en reconnaître les carences. »

Ainsi, par exemple, l’évolution du nombre de toxicomanes, multiplié par deux, entre 1979 et 2007. Ensuite, il n’y a plus de chiffres. « On a arrêté de faire le compte, sans aucune explication », note le criminologue, qui laisse entendre que les statistiques ne correspondaient pas au tableau que le royaume voulait présenter. L’image d’un pays aspirant à créer une « société sans drogue ».

Le principe a été édicté dans les années 1970, sous l’influence du mouvement de tempérance. Particulièrement puissant dans les pays scandinaves, il s’est constitué en réaction aux dégâts causés par l’alcool sur les sociétés du nord de l’Europe, au cours du XIXe siècle, et prône l’abstinence. « Dans les années 50, la moitié des députés s’en réclamait encore, comme une preuve de leur moralité », raconte Henrik Tham.

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