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Il y a des sujets qu’il vaut mieux éviter d’évoquer en présence de Tonnes Berthelsen, le directeur du puissant syndicat groenlandais des pêcheurs et chasseurs (KNAPK). Le changement climatique en fait partie. Le visage carré, les épaules larges et la poignée de main ferme, le syndicaliste l’admet : il en a ras-le-bol de voir sa province transformée « en vitrine d’une catastrophe planétaire », quand lui voudrait parler des « opportunités économiques ».
Au siège du syndicat, une grande maison en bois bleu vif, avec vue sur le port de Nuuk, où mouillait encore la veille un énorme bateau de croisière, Tonnes Berthelsen assure qu’il est conscient « des conséquences néfastes de la crise climatique », ne serait-ce que pour les chasseurs groenlandais, mis en difficultés par la fonte des glaces. La dernière étude à ce sujet, parue le mardi 10 décembre, dans la revue scientifique Nature, montre que le taux de perte de glace a été multiplié par sept en trois décennies, passant de 33 milliards de tonnes par an dans les années 1990, à 254 milliards de tonnes par an ces dix dernières années, ce qui correspond au scénario le plus pessimiste envisagé par le Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat (GIEC).
Il n’empêche, ajoute M. Berthelsen, que la hausse des températures est « plutôt une bonne nouvelle » pour la province et ses 57 000 habitants : « Prenez la pêche, par exemple [un secteur qui représente 92 % des exportations du territoire]. Non seulement, les saisons se sont allongées, mais en plus de la crevette et du flétan, de nouvelles espèces, comme le hareng et le cabillaud, ont fait leur apparition ces dernières années. »
Pour prouver qu’il n’est pas seul à voir le potentiel du réchauffement climatique, Tonnes Berthelsen suggère d’aller voir son voisin du dessous, Jorgen Waever Johansen, archétype du « serial entrepreneur » groenlandais. La quarantaine, ce patron d’une entreprise de pêche a cofondé en 2016 la Greenland Water Bank, spécialisée dans la commercialisation de l’eau produite par le glacier de l’île de Disko, à l’ouest de la province.
Pour le moment, ses bouteilles restent un produit de luxe. Mais le potentiel est énorme, assure l’entrepreneur, marié à la présidente du Parlement : « La calotte glaciaire du Groenland contient l’équivalent de 9 % des réserves mondiales d’eau pure. Ce serait quand même dommage de tout laisser partir en mer, quand on sait que l’eau va devenir une denrée rare. »
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