Chanel Miller, au nom des victimes de viols sur les campus

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Chanel Miller, à qui le magazine « Glamour » a décerné le titre de « Femme de l’année », à New York, le 11 novembre.
Chanel Miller, à qui le magazine « Glamour » a décerné le titre de « Femme de l’année », à New York, le 11 novembre. ILYA S. SAVENOK / AFP

LETTRE DE SAN FRANCISCO

Chanel Miller était devenue le symbole des victimes de viol sur les campus, des étudiantes dont les institutions persistent à minimiser les accusations. La jeune femme aura enfin son nom sur une plaque commémorative à Stanford (Californie). La direction de l’université a accepté ses conditions : le morceau de terrain où l’agression a eu lieu en 2015 a été transformé en « jardin contemplatif ». Les poubelles derrière lesquelles elle a été découverte inconsciente, remplacées par une fontaine et des bancs. Et fin novembre, après des semaines de protestations étudiantes, Stanford a fini par approuver le message qu’elle avait choisi pour figurer sur la plaque. Un défi à l’agresseur, une revanche sur l’infinie culpabilisation des victimes de viol. « Vous m’avez pris ma valeur, mon intimité, mon énergie, mon temps, ma sécurité, ma confiance, ma propre voix jusqu’à aujourd’hui. »

Chanel Miller est longtemps restée anonyme. La justice lui avait donné un nom d’emprunt : Emily Doe. En 2016, le procès contre son agresseur avait passionné l’Amérique. Brock Turner, 19 ans, était l’un des athlètes vedettes de l’université, un « futur champion olympique de natation », répétaient ses amis, comme si la rapidité de ses brasses pouvait relativiser son comportement. Elle ? On ne savait pas grand-chose sinon qu’elle avait 22 ans et ne se souvenait même pas des faits. Le 17 janvier 2015, elle était allée avec sa sœur à une fête de la fraternité Kappa Alpha de Stanford, l’une de ces soirées défouloirs où les étudiants très alcoolisés se « frottent » les uns aux autres. Elle s’était réveillée à l’hôpital, les sous-vêtements défaits, des aiguilles de pins dans les cheveux, entourée d’infirmières pratiquant toutes sortes de tests au plus profond de son intimité.

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Le procès avait opposé ceux qui plaidaient que l’étudiant avait déjà suffisamment payé pour ses actes et qu’il était injuste d’en faire le bouc émissaire de la culture du viol qui règne sur les campus. De l’autre côté, ceux qui refusaient de s’attendrir sur les actes d’un jeune privilégié, imbu de sa « supériorité masculine » et refusant de s’excuser. Brock Turner avait été reconnu coupable d’agression sexuelle à l’unanimité du jury. Il avait été condamné à 6 mois de prison, libéré au bout de trois, une peine jugée scandaleusement légère par les défenseurs de Chanel. « Imaginez que le crime ait été commis par un jeune Hispanique de 19 ans travaillant à la cuisine de la fraternité. Est-ce que la fin de l’histoire serait la même » ? interroge-t-elle aujourd’hui.

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