Aung San Suu Kyi en avocate de la Birmanie accusée de génocide

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Aung San Suu Kyi quitte la salle d’audience de la Cour internationale de justice à La Haye (Pays-Bas), le 11 décembre.
Aung San Suu Kyi quitte la salle d’audience de la Cour internationale de justice à La Haye (Pays-Bas), le 11 décembre. YVES HERMAN / REUTERS

En s’avançant vers la salle d’audience de la Cour internationale de justice (CIJ), le 11 décembre, Aung San Suu Kyi aura croisé les bustes de marbre de Nelson Mandela et Gandhi. Mais la Prix Nobel de la paix 1991, venue en personne devant la plus haute cour des Nations unies, n’aura semble-t-il pas été inspirée par la mémoire des deux hommes.

De marbre, celle qui se présente à La Haye (Pays-Bas) en ministre birmane des affaires étrangères, l’était restée, la veille, tout au long des accusations assénées par les avocats de la Gambie. Le petit pays musulman d’Afrique de l’Ouest, qui n’a pas de relations politiques ou économiques avec la Birmanie, a tenté de convaincre cette Cour de l’ONU, chargée de régler les différends entre Etats, de prendre des mesures d’urgence pour la protection de la minorité des Rohingya. Mandatée par les 57 pays membres de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), la Gambie accuse la Birmanie de violer la convention sur le génocide adoptée en 1948.

Mais en attendant que les dix-sept juges se prononcent sur le fond – une procédure qui pourrait prendre plusieurs années –, la Gambie leur demande de prendre des mesures d’urgence : ordonner à la Birmanie de stopper tout acte de génocide et de ne pas détruire les preuves des crimes. Mais de quel génocide parle-t-on ? interroge, en substance, la dirigeante birmane, lorsqu’elle plaide à son tour. « L’intention génocidaire ne peut être l’unique hypothèse » des événements survenus en Birmanie, avance-t-elle avant de défendre la « complexité » du conflit, jusqu’à délicatement épingler l’armée birmane.

« La souffrance de plusieurs innocents »

Aung San Suu Kyi évoque donc d’abord « un conflit armé interne », opposant les séparatistes bouddhistes de l’Arakan ; en lutte contre le pouvoir birman et contre les Rohingya ; l’Armée du Salut des Rohingya de l’Arakan (ARSA), une guérilla affirmant se battre en leur nom ; et l’armée régulière. Elle revient aux « racines » du conflit, qu’elle trouve dans la colonisation britannique. Au nom d’une complexité qu’elle a régulièrement opposée à ceux évoquant le drame des Rohingya, il lui faut emprunter ces détours pour conduire la Cour jusqu’aux massacres de l’été 2017 contre la minorité musulmane, qui ont fait autour de 10 000 morts, selon l’ONU, et poussé l’essentiel de la population à fuir au Bangladesh voisin.

Aung San Suu Kyi n’évoque pas de massacre, mais justifie une opération militaire de contre-insurrection. Une réponse, explique-t-elle, à une attaque « coordonnée » de postes de police par l’armée de salut des Rohingya (ARSA), précédée de recrutements de villageois, d’armement et d’entraînement au Pakistan et en Afghanistan. C’est la guerre, et la guerre est sale, semble ainsi dire la dirigeante birmane. Le conflit interne, dans l’Etat de l’Arakan, a entraîné « la souffrance de plusieurs innocents », dit Aung San Suu Kyi, y compris de « ceux qui ont dû fuir leur maison et résident désormais à Cox’s Bazar », les camps de réfugiés côté bangladais, où survivent aujourd’hui plus de 700 000 Rohingya. A la Cour, la dirigeante birmane ne les évoque jamais nommément. Une large partie, apatride, se voit dénier la citoyenneté par le pouvoir birman.

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