Les mines du Donbass, menacées par la guerre et par l’eau

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Mineurs dans la mine de charbon de Zolotoe 4. Donbass. Ukraine. //////////Mention à intégrer dans le coyright: Avec le soutien du Centre National des Arts Plastiques (fonds d'aide à la photographie documentaire contemporaine)

GUILLAUME HERBAUT POUR “LE MONDE” ( Avec le soutien du CNAP)

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Publié aujourd’hui à 15h27

Il était un peu plus de 11 heures du matin quand la vague a submergé la mine. En une minute, l’eau est montée à plus de 1,50 mètre et Mikhaïlo Belitsky n’a pu qu’observer le désastre. Le directeur de l’établissement, qui parle de « sa » mine de charbon comme d’une femme qu’il faudrait choyer, s’était préparé à la catastrophe. Depuis deux ans déjà, il battait le rappel pour réclamer une aide du gouvernement et investir dans de nouvelles pompes à eau. En vain.

Mikael Grigorovich, directeur de la mine d'Etat Zolote-4, le 20 novembre dans le Donbass, en Ukraine.
Mikael Grigorovich, directeur de la mine d’Etat Zolote-4, le 20 novembre dans le Donbass, en Ukraine. GUILLAUME HERBAUT POUR “LE MONDE” (Avec le soutien du CNAP)

Depuis ce mauvais jour du printemps 2018, les mineurs de Zolote, au cœur des plaines glacées du Donbass, dans l’Est ukrainien, pataugent dans les galeries souterraines avec de l’eau jusqu’aux mollets. « Chaque mois, on récolte pas plus que 200 tonnes de charbon. Une tonne se vend 260 hryvnias [un peu moins de 10 euros]. Faites le calcul. Je gagnerais plus d’argent en mettant l’eau de la mine en bouteilles ! », ironise M. Belitsky.

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Au milieu d’un complexe de bâtiments soviétiques au bord de la ruine, l’angoisse du lendemain se devine sur le visage des quelques « gueules noires » qui descendent encore, malgré tout, gratter le charbon à plus de 600 mètres de profondeur. Et quand les ouvriers des mines voisines faisaient la grève pour réclamer des salaires impayés depuis quatre mois, ceux de Zolote continuaient à pomper. « On ne peut pas faire grève. On se bat contre l’eau ! », explique Sergueï Bitukov, 38 ans, du fond de la galerie. Comme son père, son grand-père et son oncle, l’homme ne vit que de la mine. Dans la région, il n’y a guère d’autre choix. « J’ai peur. Si elle ferme, on n’a plus rien », confie-t-il maudissant « la guerre ».

Boueuse, fumante et orangée

Cette guerre est celle qui meurtrit depuis 2014 l’est de l’Ukraine. Le conflit, où s’affrontent les rebelles séparatistes soutenus par la Russie et l’armée ukrainienne, n’est pas le seul responsable de la mort annoncée d’une industrie davantage associée aux romans de Zola qu’au XXIe siècle et à ses préoccupations environnementales. Mais il a, sans nul doute, précipité la région houillère dans l’abîme. La société d’Etat Pervomaïskougol, propriétaire de six mines dont celle de Zolote, sur la soixantaine recensée dans le Donbass, en est une illustration cinglante. Après cinq années de bombardements, l’entreprise n’emploie plus que 4 500 personnes, contre 9 000 avant la guerre, et sa production a chuté de 40 %.

Mineur dans la mine de charbon de Zolote-4, en Ukraine, le 20 novembre 2019.
Mineur dans la mine de charbon de Zolote-4, en Ukraine, le 20 novembre 2019. GUILLAUME HERBAUT POUR “LE MONDE” (Avec le soutien du CNAP)

Deux de ses infrastructures, situées dans la zone tenue par les séparatistes, sont, depuis 2014, abandonnées, inaccessibles aux dirigeants comme aux employés. Et inondées. « On ne peut plus rien faire, affirme Oleg Vodopïanov, directeur général de Pervomaïskougol. Aucun dialogue n’est possible avec les séparatistes. » C’est l’eau de ces mines situées derrière les lignes ennemies qui s’infiltre dans les galeries des mines côté ukrainien car toutes communiquent.

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