le silence embarrassé de la France accusée d’« ingérence » par le pouvoir et la rue

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Le ministre algérien des Affaires étrangères Sabri Boukadoum au siège des Nations unies, à New York, le 27 septembre.
Le ministre algérien des Affaires étrangères Sabri Boukadoum au siège des Nations unies, à New York, le 27 septembre. Kevin Hagen / AP

La diplomatie française cale une nouvelle fois sur l’Algérie. Jamais simple – histoire oblige –, la relation est au plus bas depuis le début du Hirak (le mouvement de contestation qui a commencé en février). « Elle est au point mort », grince même un officiel à Paris. Quoi qu’elle dise, la France sera clouée au pilori par le régime ou la rue. Même le silence qu’elle s’impose apparaît suspect. « La France est dans un dilemme impossible, relève la politologue Louisa Dris Aït Hamadouche, enseignante à l’université d’Alger-III. Le pouvoir l’utilise comme bouc émissaire en jouant sur la fibre patriotique. Et le mouvement protestataire la perçoit comme le principal soutien du régime. » Plus grave : ce « point mort » risque de durer aussi longtemps que s’éternisera l’impasse en Algérie.

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Et cette quasi-paralysie diplomatique est on ne peut plus problématique alors que les enjeux pour la France d’une éventuelle aggravation de la crise sont immenses : importance des relations économiques, poids de la diaspora dans l’Hexagone, impact potentiel sur les voisins : la fragile Tunisie démocratique ou le Sahel, où la France est militairement engagée contre des groupes djihadistes. « La France redoute une déstabilisation des frontières de l’Algérie, notamment au sud », pointe l’historien Benjamin Stora à Paris.

« Yacht people »

A rebours des fantasmes, le risque migratoire, lui, est appréhendé avec un certain sang-froid, le précédent de la « décennie noire » (années 1990) ne permettant pas d’établir de corrélation entre turbulences internes et poussée migratoire. Si départs il y a eu ces derniers mois, ils impliquent surtout des éléments inquiets de la nomenklatura algérienne. « En cas de crise, la France aura affaire à des yacht people plutôt qu’à des boat people », ironise un observateur de la relation bilatérale. Mises bout à bout, ces répercussions possibles inspirent néanmoins la plus grande vigilance à Paris. Le ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, n’a du reste jamais manqué de souligner à quel point « la stabilité, la sécurité et le développement » de l’Algérie étaient « essentiels » [pour la France].

Mais comment concilier le Hirak avec une telle inquiétude stratégique ? Là naît l’ambiguïté qui n’aura eu de cesse de renforcer l’« impossible dilemme » de Paris. La première maladresse est commise par Emmanuel Macron lui-même. Quand Abdelaziz Bouteflika annonce, le 12 mars, qu’il renonce à se présenter à un cinquième mandat présidentiel – tout en reportant sine die le scrutin du 18 avril –, le président français « salue » une telle décision qui, dit-il, « signe une nouvelle page dans le développement de la démocratie algérienne ». Le commentaire flatteur a un impact désastreux sur le mouvement de protestation qui ne voit, dans cette initiative de Bouteflika, qu’une ultime ruse pour pérenniser le « système ». Aux yeux des manifestants, le satisfecit exprimé par l’Elysée confirme à quel point la France soutient en coulisse le régime algérien.

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