Christine Guillebaud, de la musique aux sons

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Une oreille côté musique de chambre, à Paris, l’autre à l’écoute des musiciens itinérants ou des crieurs-vendeurs de billets de loterie du Kerala, en Inde : Christine Guillebaud, codirectrice avec Aurélie Helmlinger du Centre de recherche en ethnomusicologie (CREM), partie du laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative (CNRS/université Paris-Nanterre), a l’habitude de faire le grand écart entre des cultures et des sons radicalement différents.

Christine Guillebaud, en mai.
Christine Guillebaud, en mai. Thierry Hugon

Née à Paris en 1973, d’une mère franco-indienne de Pondichéry, elle suit les cours du Conservatoire de musique et atteint un niveau professionnel en alto. Etudiante en ethnologie à l’université Paris-Nanterre et au Musée de l’homme, elle observe les collections d’instruments de musique du monde entier et décide de croiser ses deux passions, la musique et l’ethnologie. Mais surtout pas pour préserver des savoirs amenés à disparaître ! « Quand j’ai démarré mes études, le discours sur l’ethnologie d’urgence qui devait inventorier des traditions sur le déclin était très prégnant, raconte-t-elle. C’est tout le contraire qui m’intéressait : comprendre comment des musiques ancrées localement continuent de vivre en se transformant, pourquoi telle pratique musicale se diffuse, comme le tango argentin, qui rencontre un succès non démenti au Japon depuis le milieu du XXe siècle… Si notre laboratoire est intégré au département d’anthropologie, c’est bien pour interroger comment l’homme “musique” (selon le verbe que nous employons) et pour caractériser la nature des relations sociales entre ceux et celles qui jouent et écoutent. »

Musiciens itinérants du Kerala

Pour son sujet de thèse, Christine Guillebaud choisit d’accompagner les musiciens itinérants du Kerala, de castes inférieures, qui de maison en maison offrent des services rituels et musicaux à des familles de plus haut statut. Elle apprend le malayalam (langue de la région), entre dans l’intimité des musiciens en faisant avec eux du porte-à-porte – « J’avais une vingtaine d’années, j’étais comme leur fille ! » Et observe, fascinée, comment deux personnes avec pour tout instrument leur chant et une corde tendue sur un pot (le kutam) en attirent des dizaines d’autres pour délivrer une musique « efficace ». Dédiée aux divinités serpents, celle-ci a pour fonctions de guérir certaines maladies de peau, de favoriser la fécondité, ou d’apporter la prospérité.

« J’ai pu étudier la façon dont se tissaient les liens sociaux entre familles, individus, divinités, autour de cette musique, et réaliser à quel point ce que l’on qualifie de “rituel” s’inscrit dans des réseaux de patronage complexes mais bien vivants, explique l’ethnomusicologue. Les mêmes musiciens itinérants sont aussi contractuels à la radio et dans l’industrie du cinéma, ou interviennent en professionnels dans des colloques de musicologie ! »

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