Au Bénin, l’économie souffre de la fermeture de la frontière avec le Nigeria

0
106

[ad_1]

Le poste-frontière de Sèmè-Kraké, principal point de passage au sud du Bénin vers le Nigeria, en juillet 2019.
Le poste-frontière de Sèmè-Kraké, principal point de passage au sud du Bénin vers le Nigeria, en juillet 2019. Afolabi Sotunde / REUTERS

Olman patiente à l’ombre de son camion. En cette matinée de fin novembre, la chaleur est déjà étouffante. Le jeune homme de 23 ans, originaire du Ghana, achemine des produits cosmétiques à destination de Lagos, la capitale économique nigériane. Mais comme des milliers d’autres chauffeurs, il est bloqué à Sèmè-Kraké, le principal point de passage au sud du Bénin vers le Nigeria. « Nous attendons depuis plus de trois mois et nous ne savons pas quand nous allons pouvoir passer », rapporte-t-il.

Le 20 août, les autorités nigérianes ont décidé de fermer les frontières terrestres et d’interdire toute importation ou exportation de marchandises par la route avec les pays voisins (Bénin, Niger, Tchad et Cameroun). Une mesure qui vise officiellement à lutter contre la contrebande, alors que les marchands frontaliers sont accusés d’acheminer au Nigeria des milliers de tonnes de riz par an et de s’y approvisionner en carburant, illégalement.

Or le géant d’Afrique de l’Ouest souhaite diversifier son économie, encore très dépendante de l’exportation des hydrocarbures, en développant notamment la culture du riz. « Mais le Bénin, qui en importe massivement de Thaïlande, le réexporte vers le Nigeria à des prix très bas », explique Gilles Yabi, économiste et spécialiste de l’Afrique de l’Ouest au Whati, un groupe de réflexion établi à Dakar (Sénégal). Viande surgelée, vêtements ou voitures arrivent aussi au port béninois de Cotonou, où ils sont taxés avant de voyager vers Lagos, à une centaine de kilomètres plus à l’est.

La décision du Nigeria, première puissance économique du continent avec 190 millions d’habitants, de fermer ses frontières sans concertation avec les pays membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a de lourdes conséquences sur l’ensemble de la région. Et les pays limitrophes sont les plus touchés, comme le Bénin qui partage plus de 700 kilomètres de frontière avec le Nigeria.

« On se débrouille comme on peut »

Les échanges – notamment informels – avec ce grand voisin représentent près de 20 % de son produit intérieur brut (PIB), selon la Banque mondiale. Le Nigeria est « le premier partenaire commercial du Bénin et sa principale source d’activité économique, sachant que 80 % des importations béninoises lui sont destinées », souligne dans un rapport l’institution internationale.

Alors que les douanes béninoises collectent chaque mois en temps normal quelque 300 millions de francs CFA (environ 460 000 euros) pour le seul point de passage de Sèmè-Kraké, les recettes sont aujourd’hui nulles. « Le PIB du Bénin, qui devait croître cette année de 6,5 % selon le FMI [Fonds monétaire international], devrait être amputé de 0,5 point à cause de cette fermeture », estime Matthieu Pautonnier, économiste quantitatif chez TAC Economics. La décision prise par le chef de l’Etat nigérian, Muhamadu Buhari, doit durer au moins jusqu’au 31 janvier 2020.

[ad_2]

Source link

Have something to say? Leave a comment: