« Les Français ne sont pas les seuls, en Europe, à résister aux réformes »

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Tribune. Un cliché hante le débat public, comme lors de chaque mouvement social d’ampleur : les Français seraient les seuls, au moins en Europe, à résister aux réformes sociales « nécessaires », que les autres peuples – « raisonnables » – auraient acceptées sans protester. Le président français, l’été 2018 à Copenhague, a brocardé les « Gaulois réfractaires » pour les comparer aux Danois « luthériens ». En novembre 2018, au Bundestag, il s’est extasié, en plein démarrage du mouvement des « gilets jaunes » : « Ici, les règles créent la confiance et l’adhésion ; de l’autre côté du Rhin, elles ont souvent engendré la méfiance et trop souvent l’art du contournement. » Le président Macron pense peut-être encore que la réforme Hartz pendant le mandat du chancelier Gerhard Schröder (1998-2005), au début des années 2000, a apporté confiance et prospérité outre-Rhin ? Le sociologue Matthias Knuth (université de Duisburg) a fait litière de cette assertion, montrant que le chômage de longue durée n’est toujours pas maîtrisé en Allemagne et que la dynamique de l’emploi ne concerne que les chômeurs de courte durée (« No German Modacle », in The German Model seen by its neighbours, Brigitte Unger, SE Publishing, 2015, non traduit). Et sous le gouvernement d’Angela Merkel, les réformes ont été minimalistes !

« La façon dont les citoyens refusent ou acceptent les réformes passe par des voies chaque fois particulières »

Le cliché est donc une erreur. Il faut comparer en reconnaissant que la vie politique des citoyens est d’une grande diversité, même si, dans l’Union européenne (UE), ils partagent énormément de valeurs et de pratiques. La façon dont ils refusent ou acceptent les réformes passe par des voies chaque fois particulières, basées sur des valeurs collectives présentes dans les communautés nationales et situées dans des contextes économiques à chaque fois différents.

Si l’Insee vient de noter que les inégalités en France ont crû sur la longue durée et sont revenues à leur niveau de 1990, l’effet de la redistribution n’en est pas moins resté puissant. Sans celle-ci, la France serait parmi les pays les plus inégaux de l’UE. La redistribution passe pour une large part par la protection sociale, que les électeurs français demandent d’ailleurs de plus en plus. Ce n’est pas un simple « filet de sécurité » à la britannique qu’ils veulent, selon le baromètre de la Dares (ministère du travail), mais bien une égalité de principe.

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