L’Afghanistan s’oppose à une enquête de la Cour pénale internationale

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Devant la Cour pénale internationale, à La Haye, le 7 novembre 2019.
Devant la Cour pénale internationale, à La Haye, le 7 novembre 2019. Peter Dejong / AP

« Ils veulent livrer les agneaux au boucher ! », tempête un visiteur afghan dans les couloirs de la Cour pénale internationale (CPI). Depuis le 4 décembre, la chambre d’appel entend juristes et avocats, venus débattre de l’ouverture d’une enquête sur les crimes commis depuis 2003 en Afghanistan. Kaboul s’y « oppose », a lancé l’ambassadeur d’Afghanistan aux Pays-Bas, assurant qu’une enquête saperait « nos efforts pour bâtir la paix ». La CPI ne peut s’emparer de dossier que lorsque les Etats ne peuvent ou ne veulent pas juger eux-mêmes. Alors Homayoon Azizi « implore » la Cour de laisser son pays juger devant ses propres tribunaux, au désespoir des quelques Afghans présents dans le public.

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Début avril, trois juges de la CPI avaient débouté la procureure, assurant qu’enquêter sur les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis par les talibans, l’organisation Etat islamique, les forces sécuritaires afghanes, les forces américaines et l’Agence centrale de renseignement (CIA) ne serait pas dans « l’intérêt de la justice ». Pour ces juges, l’absence de coopération rendrait tout procès impossible, faute de pouvoir collecter les preuves et arrêter les suspects. Ce faisant, ils avaient cédé aux menaces ouvertes et répétées de l’administration Trump, proférées au cours des dix-sept mois de leur délibéré. Mais Fatou Bensouda avait fait appel. Lors de ces audiences d’appel, des amici curiae (« Amis de la Cour ») ont aussi été invités à donner un avis, comme le gouvernement afghan et les avocats de centaines de victimes.

« Principes de non-coopération »

Et à La Haye, Kaboul a tenté de reprendre la main sur le dossier. « Si vous estimez que nous ne pouvons rien faire, la CPI non plus », a défendu l’ambassadeur. Pour preuve, a-t-il avancé, le procureur a décliné une invitation à Kaboul en 2017, pour des raisons de sécurité. L’Afghanistan dit avoir mis sur pied une équipe spéciale, réformé son code pénal, aurait ouvert 1 500 dossiers et demande donc du temps. Inversant les rôles, Kaboul réclame l’aide de la Cour pour développer son système judiciaire. A terme, « les victimes auront leur propre police », a défendu l’avocat britannique du gouvernement afghan, Rodney Dixon. Dans le public, un homme secoue la tête, dépité, et se demande « dans quelle réalité » vivent les hommes qui, derrière la vitre qui les sépare du public, s’agitent dans leurs robes noires. Mais si Kaboul affirme pouvoir juger ses propres ressortissants, aucun des cinq juges de la CPI ne demande à l’ambassadeur afghan si ses tribunaux pourraient aussi poursuivre les forces américaines, l’un des volets de l’enquête réclamée par la procureure.

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