30 à 50 ans de prison pour les tueurs de l’écologiste Berta Caceres

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Des membres du Conseil civique d’organisations indigènes et populaires du Honduras (Copinh) brandissent des portraits à l’effigie de Berta Caceres, en octobre à Tegucigalpa.
Des membres du Conseil civique d’organisations indigènes et populaires du Honduras (Copinh) brandissent des portraits à l’effigie de Berta Caceres, en octobre à Tegucigalpa. ORLANDO SIERRA / AFP

C’est le jour de l’ouverture de la COP25 à Madrid que le verdict est tombé. Lundi 2 décembre, la justice du Honduras a condamné sept hommes à des peines d’emprisonnement de trente à cinquante ans pour l’assassinat de Berta Caceres, une écologiste indigène abattue le 2 mars 2016 pour s’être opposée à la construction d’un barrage.

Indigène et féministe de renom, Berta Caceres, qui allait avoir 43 ans, avait été tuée dans sa maison de La Esperanza, à environ 200 kilomètres à l’ouest de Tegucigalpa. Elle avait reçu de nombreuses menaces de mort parce qu’elle s’opposait à l’édification d’une centrale hydroélectrique, le projet Agua Zarca, par une entreprise hondurienne, Desarrollos Energéticos S.A. (DESA). Elle dénonçait les risques écologiques du barrage et le fait que la communauté lenca, qui considère le fleuve Gualcarque comme un lieu sacré, n’avait pas été consultée.

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Outre une peine de trente-quatre ans de prison ferme pour le cas Caceres, les quatre tueurs à gage – Henry Hernandez, Elvin Rapalo, Edilson Duarte et Oscar Torres – ont été condamnés à seize ans supplémentaires pour la tentative d’assassinat du sociologue mexicain Gustavo Castro, qui se trouvait en compagnie de Mme Caceres ce soir-là. Touché par plusieurs tirs, M. Castro avait été laissé pour mort, mais avait survécu.

« Fissure dans le mur de l’impunité »

Le major de l’armée Mariano Diaz, un responsable de DESA, Sergio Rodriguez, et l’ancien chef de la sécurité de DESA, Douglas Bustillo, qui étaient accusés d’avoir organisé l’assassinat, ont été condamnés à trente ans ferme. Selon les faits relatés devant le tribunal, deux hommes avaient fait irruption dans la maison de la militante dans la nuit du 2 au 3 mars 2016, et l’avaient abattue.

Les enfants de Berta Caceres et le Conseil civique d’organisations indigènes et populaires du Honduras (Copinh) – qui ont toujours dénoncé un procès biaisé et « illégal » car des preuves ont été écartées et parce que la constitution de partie civile des avocats des proches de Berta Caceres et de Gustavo Castro a été rejetée – ont reconnu que ce verdict « est la première fissure dans le mur de l’impunité totale qui soutient la structure criminelle du crime ».

Des hommes accusés d’avoir assassiné la militante écologiste Berta Caceres, au tribunal de Tegucigalpa, en 2018.
Des hommes accusés d’avoir assassiné la militante écologiste Berta Caceres, au tribunal de Tegucigalpa, en 2018. Fernando Antonio / AP

Mais, ajoutent-ils, « l’impunité ne prend pas fin avec cette sentence sur les auteurs matériels. Il existe des preuves suffisantes pour juger et sanctionner les membres de la famille Atala et d’autres pour l’assassinat de Berta Caceres ».

De nombreuses voix soulignent en effet la responsabilité de l’entreprise DESA, propriété d’une richissime famille hondurienne, les Atala Zablah. En novembre 2017, un groupe international d’experts indépendants avait rendu un rapport accablant. « Les preuves existantes confirment la participation de nombreux agents de l’Etat [policiers, militaires et fonctionnaires], ainsi que des dirigeants et employés de la compagnie DESA dans la planification, l’exécution et la dissimulation du meurtre », assurait le rapport.

Demande d’une « mission indépendante »

Le président du groupe électrique DESA, David Castillo, est d’ailleurs en détention provisoire depuis mars 2018, accusé d’être un des commanditaires de l’assassinat. Arrêté le 2 mars 2018, jour du deuxième anniversaire de la mort de la militante, à l’aéroport de San Pedro Sula (nord-ouest), M. Castillo est accusé d’avoir « facilité la logistique et d’autres ressources à un des auteurs matériels ». Le début de son procès a été reporté à de multiples occasions.

Les proches de Berta Caceres demandent, face au « manque de justice au Honduras », la mise en place d’une « mission indépendante qui puisse mener à bien le procès des responsables de l’assassinat ».

Le Honduras est un des pays les plus dangereux au monde pour les militants de défense de l’environnement, avec 123 assassinats entre 2010 et 2017, selon l’ONG Global Witness.

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