A Madagascar, la jeunesse verte, éternelle oubliée, se rêve en Greta Thunberg des minorités

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Villages détruits de bûcherons illégaux près du village de Manambato, dans le nord de Madagascar, en mars 2019.
Villages détruits de bûcherons illégaux près du village de Manambato, dans le nord de Madagascar, en mars 2019. RIJASOLO / AFP

« L’Etat ne nous voit pas, alors on fait en sorte d’être visible ! » Mirindra Rakotoarisoa, 25 ans, est le président du Réseau climat océan Indien et le coprésident de l’association CliMates Madagascar. A quelques jours de la COP25 qui se déroulera du 2 au 13 décembre à Madrid (Espagne), le jeune homme est à pied d’œuvre pour que les problématiques de ce coin du monde ne soient pas oubliées.

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C’est là tout le paradoxe de la Grande Ile : très exposée et pourtant rendue invisible. Madagascar a en effet été classée zone à risque en tant que septième pays le plus affecté par le changement climatique en 2017 par le Global Climate Risk Index.

Dans une étude publiée par le WWF en mars 2019, l’ONG écrivait que « les résultats des projections des scientifiques sur la Grande Ile sont alarmants. Même si nous limitons l’augmentation de la température de la Terre à 2 °C – objectif des pays signataires de l’accord de Paris –, la situation climatique sera insoutenable pour 25 % des espèces de Madagascar. Ce qui provoquera leur extinction dans les années 2080 ».

Promouvoir les solutions locales

Une menace que la jeunesse malgache veut à tout prix contrer. Dimanche 24 novembre s’est achevée à Antananarivo la COY15 (Conference of Youth) – version jeune de la COP –, spécialement dédiée à l’océan Indien. « C’est la première fois que se tient une COY océan Indien, pour peser comme une seule région » poursuit Mirindra Rakotoarisa. Cette réunion a permis de trouver des ambassadeurs pour Madagascar, mais aussi les Comores, Maurice, La Réunion, prêts à aller plaider la cause de leurs pays à Madrid.

Quelques centaines d’activistes en herbe sont venus des quatre coins de l’île participer à cette COY. L’événement a offert une formation plus poussée sur les questions climatiques à des publics déjà concernés qui partageront à leur tour leurs savoirs, une fois de retour chez eux.

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Les ambassadeurs ne sont pas seulement censés porter un plaidoyer à la COP, mais aussi promouvoir les solutions locales et les essaimer. Sur ses près de 590 000 km2 de territoire, Madagascar regorge en effet déjà d’initiatives de jeunes. « Je suis étudiante en agronomie et environnement, explique ainsi Clotilde, 22 ans, venue de Tamatave. Les effets du changement climatique, je les connais en théorie et je les observe aussi en réalité. Comme la hausse des températures devenues insoutenables sur la côte Est. » Alors, avec cinq de ses amis, elle a créé une entreprise sociale, baptisée Recycle’anay. « On recycle le papier, le plastique et aussi les jeans. Et lors de cette COY, j’ai vraiment appris beaucoup de choses sur les low-tech », se réjouit celle qui veut encore aller plus loin.

« Montrer qu’on est là »

Un autre participant raconte, lui, organiser toutes les semaines des nettoyages collectifs sur la plage de Ramena, la plus connue et la plus touristique de la zone. « Il y a des monticules de déchets derrières les petites dunes de sable. Pareil dans la mer, explique Dieudonné, un étudiant en langue et communication numérique, à l’université de Diego-Suarez. Mon travail consiste à nettoyer, mais aussi à aller voir les chefs fokontany [les chefs de quartiers] et les convaincre d’utiliser le bac en collecte pour que les déchets ne traînent pas partout dans la ville. »

Mais si la COY15 a été un succès local, l’après est nettement moins simple. « En plus de devoir trouver par eux-mêmes des financements pour le voyage, affirme un militant écologiste qui souhaite rester anonyme, les participants qui devaient se rendre à Madrid pour porter la voix des jeunes n’ont pas obtenu les accréditations promises par le gouvernement. » Au risque de demeurer les éternels oubliés. « L’enjeu principal, c’est donc de montrer qu’on est là », martèle aussi Marie-Christina Kolo, 30 ans, une des figures de proue du militantisme écologique à Madagascar, grâce notamment à son entreprise sociale GreenNKool qui fait de la récupération et de la revalorisation des déchets.

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Elle sera l’une des représentantes de la société civile malgache à la COP25, à laquelle elle pourra participer en tant que membre du groupe Femme : « On fait partie des pays les plus vulnérables et, pourtant, lors des grosses négociations internationales, c’est souvent la jeunesse issue des pays développés qui est représentée, parce qu’ils peuvent se payer le voyage ». Elle marque une pause et poursuit : « Je trouve dommage qu’on place Greta Thunberg comme symbole de la lutte de la jeunesse contre le changement climatique. Ça reste une jeune fille blanche et issue d’un milieu privilégié. Alors que beaucoup d’activistes issus des minorités mériteraient d’être plus mis en lumière. »

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