A Hongkong, la jeunesse guidant le peuple

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Des manifestants durant une marche contre Pékin, à l’occasion des 70 ans de la Chine populaire, dans le quartier de Wan Chai à Hongkong, le 1er octobre.
Des manifestants durant une marche contre Pékin, à l’occasion des 70 ans de la Chine populaire, dans le quartier de Wan Chai à Hongkong, le 1er octobre. LUCIEN LUNG / RIVA PRESS

Vautrés entre un amas de caisses et quelques chaises dépareillées sur un trottoir du quartier populaire du port de pêche d’Aberdeen, au sud de l’île de Hongkong, un petit groupe d’hommes mûrs aux airs de caïds, en marcels, shorts et tongs, prend le frais par cette soirée encore chaude de novembre.

Ils regardent amusés « leurs jeunes » : masqués, habillés en noir de la tête aux pieds, des manifestants démontent méthodiquement les trottoirs, brique après brique. Des bâtons d’encens brûlent devant un petit temple taoïste. Plus loin, on entend résonner le son métallique de poubelles renversées pour renforcer les barricades de rue. Les taxis font demi-tour en soupirant, mais le quartier semble plutôt bienveillant.

Désordres

Ce n’est que « la troisième ou quatrième fois », selon les habitants, qu’Aberdeen participe aux désordres qui se sont répandus sur tout le territoire de Hongkong depuis le mois de juin. Après la mort du premier manifestant, le 8 novembre (dans des circonstances troubles qui alimentent le soupçon d’une bavure policière), le mouvement a appelé en ligne à des actions dans trente-cinq quartiers. La police antiémeutes est déjà sur place, mais elle hésite à s’engager dans cet étroit canyon d’immeubles…

Quand finalement la troupe s’élance, dans un bruit de bottes et de coups de matraque sur les boucliers, les jeunes détalent. Il ne reste que les « oncles » qui continuent de discuter en se grattant le ventre. Des fenêtres, obstruées par des barres chargées de linge, émanent quelques insultes anonymes, qui déclenchent autant de rires gras, et la « chute », tout aussi anonyme, de canettes vides non loin des policiers casqués.

Vandalisme politique

Il n’y a pas si longtemps, le policier hongkongais était l’archétype du rôle modèle, incarné par les plus grandes stars du cinéma local. Jeter un mégot de cigarettes ou écrire sur un mur pouvait coûter une amende sur-le-champ. Il a suffi de quelques mois pour que le policier devienne l’ennemi public numéro un aux yeux d’une partie importante de la population ; pour que l’inconduite et même le vandalisme se muent en affirmations politiques ; et que la jeunesse se dresse comme un seul homme, osant rêver de liberté. Ses nouveaux héros sont les yung mo pai, littéralement « le groupe courageux et armé », ceux qui osent se confronter aux forces de l’ordre.

Un rassemblement contre les violences policières, le 27 septembre.
Un rassemblement contre les violences policières, le 27 septembre. LUCIEN LUNG / RIVA PRESS

Depuis l’échec du « mouvement des parapluies » de 2014 et les attaques récurrentes de Pékin sur les libertés civiles de l’ancienne colonie britannique, les jeunes Hongkongais semblaient pourtant avoir décidé de courber l’échine. Ils avaient repris, résignés, la routine exigeante du quotidien, métro-boulot et repas dans les cantines de rue, la plupart des logements étant trop petits pour y caser une cuisine digne de ce nom.

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