Les clandestins latinos face aux vieux démons du Mississippi

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Deux sans-papiers, employés dans une usine de volailles, sont emmenés par les services de l’immigration, à Morton (Mississippi), le 7 août.
Deux sans-papiers, employés dans une usine de volailles, sont emmenés par les services de l’immigration, à Morton (Mississippi), le 7 août. ROGELIO V. SOLIS / AP

Ce jour-là, Selena a d’abord senti un courant d’air. Elle a posé son couteau, s’est retournée et a vu débarquer des hommes en noir, pistolet au poing, hurlant en espagnol : « Mains sur la tête, personne ne bouge ou nous tirons ! ». Cette Mexicaine de 39 ans a jeté un bref regard sur les deux autres, sorties de son usine de découpe de poulets : elles étaient déjà bloquées.

Ainsi débuta, mercredi 7 août, dans la campagne du Mississippi, autour de la ville de Jackson, le plus grand coup de filet lancé ces dernières années par l’agence fédérale de contrôle de l’immigration américaine (ICE, pour Immigration and Customs Enforcement). Sept cents agents déployés pour perquisitionner sept usines de la région et arrêter 680 travailleurs sans papiers, majoritairement guatémaltèques, parfois mexicains. 671 ont été poursuivis, 377 emprisonnés. Parmi eux, Selena, dont le rêve américain s’est soudain effondré.

Lire aussi Etats-Unis : plusieurs raids simultanés de l’agence de contrôle de l’immigration, 680 travailleurs latinos arrêtés

Près de quatre mois après cette opération saluée par l’administration Trump, entre 50 et 200 clandestins seraient encore sous les verrous. Selena, elle, a été libérée au bout de quarante-trois jours, et peut nous recevoir dans sa maison blanche, à condition de ne rien dévoiler de son identité, son témoignage pouvant être retenu contre elle.

Un travail, une maison, une famille

Son parcours est celui de tant de Latinos. En 2002, elle quitte sa région natale, au nord de Mexico, et donne près de 1 000 dollars à un passeur pour traverser le désert en direction des Etats-Unis. La voici sur la côte Pacifique, dans l’Oregon, puis en route vers le Mississippi, où son frère s’est installé légalement. Sur place, Selena se fait embaucher aux usines de poulet Koch Foods, propriété de milliardaires républicains connus pour avoir fait et défait les élections dans le Midwest. Quand elle présente une pièce d’identité que fournit l’Oregon aux sans-papiers, on ne lui pose pas plus de questions. Mais en 2009, sans crier gare, l’entreprise la licencie pour absence de permis de travail. Selena trafique alors une fausse carte de sécurité sociale américaine, sésame sur le marché du travail, et parvient à se faire embaucher chez son concurrent, PH Food.

Même si elle ne parle pas un mot d’anglais, sa vie s’organise : elle possède, avec son mari – clandestin, lui aussi, dans le BTP –, une maison proprette, entourée de verdure, peu meublée mais avec une épaisse moquette et un gros réfrigérateur, dans un quartier mixte, pauvre mais correct pour le Mississippi. Ses enfants, un ado de 15 ans et une fillette de 10 ans nés aux Etats-Unis, vont à l’école voisine. Tout se passe bien, jusqu’à ce funeste mercredi 7 août.

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