le directeur de Human Rights Watch expulsé

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Omar Shakir, directeur de Human Rights Watch pour Israël et les territoires palestiniens, en compagnie de Kenneth Roth, directeur international de l’ONG, le 25 novembre à l’aéroport David-Ben-Gourion, près de Tel-Aviv.
Omar Shakir, directeur de Human Rights Watch pour Israël et les territoires palestiniens, en compagnie de Kenneth Roth, directeur international de l’ONG, le 25 novembre à l’aéroport David-Ben-Gourion, près de Tel-Aviv. AMMAR AWAD / REUTERS

Le directeur en Israël de l’organisation Human Right Watch (HRW), Omar Shakir, a été contraint de quitter le pays, lundi 25 novembre, après épuisement de ses recours en justice. C’est la première fois que le représentant d’une structure internationale majeure de défense des droits humains se trouve ainsi expulsé du pays, et ce précédent interroge sur le respect par la justice israélienne de ses propres fondements démocratiques.

« Cela démontre le caractère de plus en plus restreint de la démocratie israélienne », a relevé Ken Roth, le directeur de HRW, qui s’exprimait depuis Jérusalem. M. Roth soulignait qu’une telle expulsion plaçait le pays dans un cercle étroit d’Etat répressifs, ayant récemment interdit leur territoire à ses enquêteurs : l’Iran, l’Egypte et le Venezuela.

Le ministère de l’intérieur avait refusé, fin 2018, de renouveler le visa de travail de M. Shakir, citoyen irakien et américain, après près de deux ans d’exercice. Il l’accusait d’avoir soutenu la campagne BDS (boycottage, désinvestissement, sanctions) contre Israël – ce que M. Shakir nie.

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Une première cour de justice a entériné cette décision en avril, puis la Cour suprême, début novembre. Elles se fondaient sur un amendement à la loi de 2017 sur l’entrée en Israël, qui vise à lutter contre les partisans d’un tel boycottage du pays. Or cette définition légale, vague, tend à inclure la dénonciation des colonies israéliennes, illégales selon le droit international, et de l’« occupation » des territoires palestiniens, un mot banni des discours publics en Israël.

A l’appui de son dossier, le ministère de l’intérieur avait exhumé d’anciens tweets de M. Shakir, publiés alors qu’il était étudiant aux Etats-Unis, le qualifiant de « propagandiste propalestinien », une interprétation qu’il rejette. Début novembre, la Cour avait relevé, à l’appui de sa décision, des appels lancés par HRW aux entreprises à se désengager des colonies, notamment au géant de la location immobilière en ligne Airbnb. « Ni HRW ni moi-même, en tant que son représentant, n’avons jamais appelé au boycottage d’Israël », s’est défendu M. Shakir, lundi. Il précisait cependant que cette méthode éprouvée de « lutte contre l’injustice » relevait de la liberté d’expression.

Une cible de la droite israélienne

Depuis deux ans, le ministère des affaires stratégiques mène une campagne agressive contre la campagne BDS, en coordination avec une galaxie d’ONG alliées. Ils s’efforcent de souligner les liens des dirigeants du mouvement à des organisations palestiniennes considérées comme « terroristes » et leur supposé antisémitisme. C’est sur la base de cette loi de 2017 que deux parlementaires démocrates américaines, Rashida Tlaib, d’origine palestinienne, et Ilhan Omar, avaient été interdites au mois d’août de se rendre en Israël, à la demande du président américain, Donald Trump.

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