avec le « de Funès africain », « Le Gendarme de Abobo » fait rire Abidjan

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« Le Gendarme de Abobo » à l’affiche de l’un des quatre écrans d’Abidjan, en novembre 2019.
« Le Gendarme de Abobo » à l’affiche de l’un des quatre écrans d’Abidjan, en novembre 2019. SIA KAMBOU / AFP

Le Gendarme de Abobo, un film avec la star africaine Michel Gohou, le « Louis de Funès africain », bat les records d’entrées pour une production ivoirienne et devrait faire carrière sur les écrans africains, voire français. Avec un peu moins de 2 millions d’habitants, pour la plupart pauvres, Abobo, l’un des grands quartiers populaires d’Abidjan, n’a rien à voir avec Saint-Tropez, station balnéaire huppée de la Côte d’Azur, où l’adjudant Cruchot, alias Louis de Funès, sévissait dans Le Gendarme à Saint-Tropez, film emblématique français des années 1960 qui eut cinq suites sur vingt ans.

Ici, l’adjudant n’obtient pas une promotion en étant nommé à Saint-Tropez, mais se fait sanctionner après avoir tenté de racketter le chauffeur d’un ministre qui le fait muter à Abobo. « Il y a des clins d’œil au film français avec le concept du gendarme », mais ce n’est pas un remake, souligne Anton Vassil, réalisateur et producteur du film. « Le pire gratteur [l’acteur Michel Gohou] de la Côte d’Ivoire et le plus grand emmerdeur de France [Ray Reboul] vont faire la loi dans le quartier le plus sensible d’Abidjan », résume le synopsis.

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Le film est porté par Michel Gohou, « génie comique », « de Funès africain » selon Anton Vassil. « J’aime les films où on me laisse libre de créer entre les lignes », explique Michel Gohou, qui assure devoir beaucoup à Abobo.

Dans la vraie vie, victime dans sa jeunesse d’une maladie grave qui a failli le tuer et l’a laissé bossu et petit, Michel Gohou a débarqué de l’intérieur du pays il y a 35 ans à Abobo, sans le sou. Il y a fait des petits boulots, notamment celui de blanchisseur, avant de réussir dans le show-business.

De nombreux sujets sensibles abordés

« Abobo m’a accueilli (…), m’a tout donné. Et au niveau de l’inspiration, ici, il n’y a pas un jour sans qu’on voie une scène [cocasse] », raconte l’acteur qui n’y vit plus mais y a investi. « Avant, on disait Abobo-la-guerre, Abobo-Bagdad. Ce sont des noms cyniques et parlants, mais ça se lave [change]. On va amener des touristes. Revenez dans deux ans, vous allez trouver une autre commune », espère Michel Gohou.

Dans le film, le gendarme est en contact avec la réalité d’Abobo : les « brouteurs » (arnaqueurs sur Internet), les « microbes » (délinquants mineurs), l’insécurité, la pauvreté, les bidonvilles, les routes non bitumées… « Les microbes, c’est un fléau, mais avec le temps on va contenir ça. Ils ont besoin d’être encouragés, encadrés. Chacun un petit métier et ils vont abandonner les couteaux et ciseaux avec lesquels ils agressent », dit Michel Gohou.

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Le film aborde avec humour de nombreux sujets sensibles : corruption, terrorisme, religion, relations hommes-femmes, crise ivoirienne ou Françafrique. « On intervient que sur ordre de Bolloré ou Orange » (réciproquement homme d’affaires et opérateur téléphonique français), lance un militaire français dans le film, déclenchant l’hilarité des spectateurs qui rigolent aussi quand un gendarme remplace avant la visite de ses supérieurs le portrait de l’ancien président Laurent Gbagbo par celui de l’actuel Alassane Ouattara. La crise politique ivoirienne a fait 3 000 morts en 2010-2011.

Le film fait salle comble

« Aux temps forts déjà de la crise, on riait de ce qu’on vivait. C’est du passé », affirme Michel Gohou. Le succès est au rendez-vous. « J’ai bien aimé le film, le côté comique, captivant, donnant une leçon à la nation ivoirienne (…). Ça parle de tout, de la situation de nos policiers, de la vie de couple quand on a une femme portée sur le matériel, affirme une spectatrice, Mélanie Dieng. Ça fait plaisir de voir un film ivoirien avec nos acteurs ivoiriens. »

Diffusé sur les quatre écrans que compte Abidjan, le film fait salle comble. Avec près de 15 000 entrées, il est désormais le film ivoirien ayant eu le plus de spectateurs, même s’il ne peut aspirer aux recettes des blockbusters américains. « Le budget est un secret, mais nous avons fait ce film sans aucune aide », explique le Français Anton Vassil, qui espère être distribué en Afrique et en France avant le passage à la télévision.

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« La demande appelle la demande. Il ne faut pas que le monde entier ne devienne une copie américaine. Chaque pays a des valeurs, des traditions. Ce film est nationiste. Quand les gens voient ce film, ils sont fiers d’être ivoiriens », précise-t-il, espérant que ce film en appellera d’autres. Michel Gohou ajoute : « On n’a pas le centième d’un film américain, mais le potentiel humain est là. Il faut arriver à produire pour dire aux bailleurs que nous avons cette possibilité de réussir. Le cinéma africain est en train de se repositionner. »

Infatigable, malgré un agenda surchargé entre shows comiques et tournages, Michel Gohou, 60 ans, ne se lasse pas : « Pendant qu’on est capable, il faut courir. C’est ce que je fais et je vais courir jusqu’à ce que la dernière boule de force soit épuisée. C’est le métier que j’ai choisi. »

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