En Roumanie, la mobilisation de la société civile s’est imposée aux politiques

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Les Roumains, qui s’apprêtent à voter pour leur président dimanche, sortent de quatre années de mobilisations exceptionnelles contre la corruption.

Par Publié aujourd’hui à 05h51

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La candidate à la présidence et ancienne première ministre Viorica Dancila sur un marché lors d’une réunion électorale, le 17 novembre, à Buzau, en Roumanie.
La candidate à la présidence et ancienne première ministre Viorica Dancila sur un marché lors d’une réunion électorale, le 17 novembre, à Buzau, en Roumanie. ANDREI PUNGOVSCHI / AFP

« Qui a déjà corrompu le professeur de son enfant pour qu’il passe dans la classe supérieure ? », « Qui paye sa femme de ménage au noir ? », « Qui a déjà conduit en état d’ivresse ? ». Les questions, adressées par des comédiens, qui ont tous la vingtaine, drapeau roumain à la main, droit dans les yeux du public, sont glaçantes. La pièce de théâtre 153 secondes finit ainsi, en pleine lumière. Ce mercredi 20 novembre, à Bucarest, elle est jouée à quelques dizaines de mètres de sa source d’inspiration : la boîte de nuit Collectiv, qui a brûlé en 153 secondes, en octobre 2015, faisant 64 morts, pour la plupart des étudiants. Le club ne respectait pas les normes de sécurité en toute impunité.

Quatre ans plus tard, alors que les Roumains s’apprêtent à voter au deuxième tour de l’élection présidentielle, dimanche 24 novembre, le traumatisme reste vivace. Mais la Roumanie a profondément changé. La pièce de Ioana Paun, qui montre le passage du statut de victime à celui de manifestant, en est l’expression. « L’incendie a unifié les vingtenaires roumains qui se sont mobilisés. Beaucoup pensaient que la politique n’existait pas et se sont mis à s’y intéresser. Le problème de la corruption a explosé, mais aussi celui de la responsabilité générale de la société ces trente dernières années », raconte la metteuse en scène, âgée de 35 ans.

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Depuis cet incendie, la jeunesse roumaine a protesté plusieurs fois, massivement, contre la corruption et les dérives du Parti social-démocrate (PSD), une formation issue de l’ex-Parti communiste, qui contrôle le gouvernement de manière quasi continue depuis 1990.

Après l’incendie, elle a d’abord forcé l’ancien premier ministre Victor Ponta à la démission. Puis son successeur à la tête du parti, Liviu Dragnea, a dû renoncer, en 2017, à une partie de ses réformes affaiblissant l’indépendance de la justice, avant de vivre une défaite historique aux européennes du 26 mai et de finir en prison pour corruption le lendemain.

Sa remplaçante, la première ministre Viorica Dancila, a été censurée par le Parlement en octobre. Désormais candidate au second tour de la présidentielle, elle a très peu de chances de l’emporter face au président de centre droit sortant, Klaus Iohannis, qui a obtenu 37,8 % des voix au premier tour.

Fier de ces années de combat

« Tous ces résultats, nous les avons obtenus des mobilisations collectives », se félicite Lucian Checherita. A 33 ans, ce juriste, qui arbore un pin’s « J’aime l’Etat de droit », est l’incarnation parfaite de cette génération d’activistes née ces quatre dernières années. Avec son ONG qui fait de l’éducation à la justice, « [ils ont] été les premiers à tirer la sonnette d’alarme lorsque le PSD a voulu réformer la justice par ordonnance » pour fragiliser la lutte anticorruption, en février 2017. Son alerte pousse alors des centaines de milliers de Roumains à descendre dans la rue. Après plusieurs jours de manifestations, les plus importantes depuis 1989, le gouvernement est forcé de reculer.

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