A Hongkong, l’Université polytechnique toujours assiégé, crispations entre Washington et Pékin

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L’adoption mercredi par le Congrès américain d’une résolution soutenant les protestataires a fait réagir Pékin, qui menace Washington de représailles.

Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 08h30, mis à jour à 08h31

Temps de Lecture 3 min.

L’Université polytechnique (PolyU) est le théâtre depuis cinq jours de la plus longue confrontation entre manifestants et forces de l’ordre depuis le début de la contestation en juin à Hongkong.

Des dizaines de manifestants pro-démocratie jusqu’au-boutistes restaient retranchés jeudi 21 novembre sur le campus assiégé par la police, alors que l’adoption aux Etats-Unis d’une résolution de soutien aux protestataires menace d’enflammer les relations sino-américaines.

Sept cents arrestations

Sur le campus de la PolyU, autour duquel la présence policière a été réduite, le calme prévalait jeudi. Un groupe d’irréductibles se cuisinait un déjeuner dans une cantine, à partir des rares provisions qui lui restaient. Des pancartes avertissaient les passants de ne pas fumer près des endroits où sont entreposés les cocktails Molotov, prêts à être utilisés contre les forces de l’ordre.

Sur le millier de manifestants occupant l’établissement au départ, il n’en restait que quelques dizaines, selon un décompte de journalistes de l’Agence France-Presse présents sur place. Un certain nombre ont pris la fuite, déjouant les barrages policiers ou s’échappant par les égouts. Mais la majorité se sont rendus ou ont été interpellés par les forces de l’ordre à leur sortie. Un total de sept cents personnes ont déjà été arrêtées en lien avec l’occupation de l’université, a déclaré mercredi soir à la presse un responsable de la police.

Le siège du campus avait commencé dans la violence dimanche, avec des protestataires jetant des cocktails Molotov et des briques sur les policiers voulant les déloger. La police avait notamment répondu par des tirs de gaz lacrymogènes.

« Grave provocation »

Jeudi, la Bourse de Hongkong chutait de 1,56 % en cours de séance, les investisseurs étant inquiets que l’initiative du Congrès américain mercredi, soutenant les « droits de l’homme et la démocratie » à Hongkong, ne vienne torpiller les efforts de la Chine et des Etats-Unis pour finaliser un accord sur leur différend commercial. Adopté à la majorité par le Congrès, ce texte doit désormais être signé par Donald Trump pour être promulgué, mais le président américain pourrait y mettre son veto. Le large soutien des sénateurs implique toutefois que ce veto pourrait être ensuite outrepassé à la chambre haute.

Pékin n’a pas réagi dans l’immédiat à l’adoption de ce clair soutien aux protestataires de l’ex-colonie britannique. La Chine a cependant agité la menace de représailles si le texte était transformé en loi. « Certains espèrent que cela dissuadera Pékin d’agir. C’est faire preuve de naïveté », a prévenu le tabloïd chinois Global Times, réputé proche du pouvoir et connu pour son ton nationaliste. « Si nous prenons ce projet de loi américain au sérieux et si nous reculons face aux émeutes, Hongkong subira un effondrement accéléré de l’Etat de droit et sera effacé du monde moderne. »

La Chine a maintes fois accusé Washington et les élus américains d’encourager la violence des manifestants à travers leurs déclarations. Le Quotidien du peuple, le journal officiel du Parti communiste chinois (PCC) au pouvoir en Chine continentale, a dénoncé le projet de loi du Congrès comme une nouvelle « grave provocation ». « Si les Etats-Unis persistent sur ce chemin, la Chine prendra des mesures fortes et s’y opposera avec résolution, et il conviendra aux Etats-Unis d’en assumer toutes les conséquences ».

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Récession

Le mouvement de protestation avait débuté en juin contre un projet de loi visant à autoriser les extraditions vers la Chine continentale – où la justice n’est pas indépendante du pouvoir. Ce texte a depuis été retiré, mais les manifestants ont élargi leurs revendications au suffrage universel complet et à une enquête indépendante sur ce qu’ils présentent comme des violences policières. Les troubles refroidissent les investisseurs et font fuir les touristes, ce qui a pour conséquence d’étrangler les petits commerces et l’économie hongkongaise – désormais en récession.

Hongkong est une région du sud de la Chine qui jouit d’une grande autonomie, de la liberté d’expression, et d’une justice indépendante. Les Etats-Unis accordent à ce titre au territoire un statut économique particulier, qui le met à l’abri des droits de douane punitifs imposés par l’administration Trump contre Pékin.

Lire aussi « Une intervention directe de la Chine à Hongkong aurait de très lourdes répercussions internationales »

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