Juger en France les djihadistes français

0
107

[ad_1]

Editorial. Même si de lourdes difficultés en matière de preuves seraient à surmonter, et même si bien des défis seraient à relever, il en va de la dette de justice envers les familles des victimes des attentats, et de la crédibilité des pays occidentaux dans leur défense des droits humains fondamentaux.

Publié aujourd’hui à 12h03 Temps de Lecture 2 min.

Editorial du « Monde ». Que faire des quelque 450 ressortissants européens engagés dans le djihad aux côtés de l’organisation Etat islamique (EI), aujourd’hui détenus dans le nord de la Syrie ? Depuis des mois, le dilemme sur leur sort met en balance deux issues : encourager leur transfert en Irak et déléguer à ce pays la charge de les juger, ou accepter leur rapatriement et leur comparution devant des tribunaux européens.

S’agissant des djihadistes français, Paris craint les réactions de l’opinion publique, encore sous le choc des attentats, et défend fermement la première hypothèse. Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, l’a réaffirmé le 14 novembre, à Washington : les djihadistes français doivent « être jugés au plus près des crimes qu’ils ont commis ».

Lire aussi A Washington, Américains et Européens étalent leurs divisions sur le sort des djihadistes détenus en Syrie

La France, dont les ressortissants sont les plus nombreux parmi les djihadistes issus des pays occidentaux, tente de négocier avec Bagdad l’organisation de procès moyennant contribution financière. Jamais, jusqu’à présent, l’exécutif présidé par Emmanuel Macron n’a envisagé officiellement de rapatrier, pour les juger selon le droit français, les quelque 130 combattants français de l’EI, hommes et femmes, détenus dans le Nord-Est syrien, pas plus que les quelque 750 mineurs français présents dans les camps de déplacés.

Situation instable sur le terrain

Cette décision, politiquement logique en apparence, doit être repensée non seulement parce qu’elle n’est pas viable, mais aussi parce qu’elle risque de se retourner contre la France. Confronté à une révolte populaire sans précédent, le gouvernement irakien a d’autres préoccupations et semble ne plus accepter le fardeau que représenteraient ces procès. L’Irak n’est pas « un dépotoir » à djihadistes a signifié le ministre des affaires étrangères, Mohammed Ali Al-Hakim. Bagdad n’apprécie pas non plus d’être visé pour sa pratique de la peine de mort par les organisations de défense des droits de l’homme, dans les pays mêmes qui veulent lui déléguer les procès.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le jugement en Irak des djihadistes étrangers de l’EI est de plus en plus compromis

Certes, les craintes liées à l’invasion par l’armée turque du nord de la Syrie, quant à la surveillance par les forces kurdes des camps de prisonniers djihadistes, sont pour l’heure relativement apaisées. Le nombre d’évasions a été limité. Mais la situation sur le terrain reste hautement instable. Le risque demeure d’une dissémination des combattants islamistes, et donc de nouveaux attentats en Europe.

S’y ajoute celui de voir les camps de détenus passer sous contrôle des autorités syriennes, qui auraient alors toute latitude pour monnayer le sort des djihadistes contre la reprise des relations avec la France ou d’autres Etats européens. Imagine-t-on que ce soit Damas ou Moscou qui finisse par organiser ces procès ?

Plutôt que de les laisser dans la nature, c’est en France qu’il faut juger les djihadistes français, même si de lourdes difficultés en matière de preuves seraient à surmonter, et même si bien des défis pénitentiaires, politiques et émotionnels seraient à relever. « Leur rapatriement est un enjeu de sécurité et de justice à long terme », estime le juge David De Pas, coordinateur du pôle antiterroriste du tribunal de Paris. La dette de justice envers les familles des victimes des attentats, mais aussi la crédibilité des pays occidentaux dans leur défense des droits humains fondamentaux, plaide dans le même sens : la France n’a rien à gagner à tenter de mettre sous le tapis la question de « ses » djihadistes en se défaussant. Sauf à conforter la rhétorique des islamistes, qui dénonce l’Etat de droit comme une pure hypocrisie.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Dans le nord-est de la Syrie, la mort lente des prisonniers djihadistes

Le Monde

[ad_2]

Source link

Have something to say? Leave a comment: