« Macron ne construira pas tout seul “l’Europe puissance” dont il rêve »

0
149

[ad_1]

Si l’expression « mort cérébrale » utilisée par le président pour décrire l’OTAN a tant ému les partenaires européens de la France, c’est que certains souffrent déjà de paralysie, relève Sylvie Kauffmann, éditorialiste au « Monde », dans sa chronique.

Publié le 20 novembre 2019 à 00h06 Temps de Lecture 4 min.

Article réservé aux abonnés

En diplomatie comme en psychologie, il faut parfois un peu de recul pour identifier les événements précis à l’origine de profonds traumatismes. Dans les relations franco-américaines, trois moments récents remplissent clairement cette fonction ; ils concernent la guerre en Syrie, tragédie majeure de la décennie qui s’achève.

Le premier remonte au 31 août 2013. C’est la nuit où le président Barack Obama a renoncé à la « ligne rouge » qu’il avait lui-même tracée en menaçant Bachar Al-Assad d’intervenir s’il faisait usage d’armes chimiques contre sa population. L’usage était établi, la ligne rouge franchie, les avions français prêts à décoller. L’intervention n’eut pas lieu, la France étant incapable de la conduire seule. Moscou, Téhéran et Damas reçurent le message du renoncement occidental cinq sur cinq.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le jour où… Obama a laissé tomber Hollande

Le second événement date du 19 décembre 2018. Sans crier gare, Donald Trump, successeur d’Obama, annonce sur Twitter le retrait des 2 000 soldats américains de Syrie : « Nous avons gagné contre l’Etat islamique [EI] », proclame un peu prématurément le président américain. Paris et Londres, qui font partie de la coalition contre l’EI et ont aussi des troupes sur place, n’ont pas été informés. Furieuse, la ministre française de la défense, Florence Parly, rappelle à Washington les règles du jeu : « On y va ensemble, on s’en va ensemble. » Après de multiples tergiversations, les Etats-Unis laissent quelques centaines d’hommes.

Troisième blessure, le 6 octobre 2019 : Donald Trump retire le reste de ses troupes et laisse le champ libre au président turc, Recep Tayyip Erdogan, qui lance une offensive dans le nord de la Syrie. Les Kurdes, qui ont combattu pour les alliés occidentaux, sont abandonnés à leur sort. Une fois de plus, Français et Britanniques sont impuissants.

Un grand coup de pied dans la fourmilière

Dans l’entretien qu’il a donné le 7 novembre au magazine britannique The Economist, le président Emmanuel Macron qualifie la crise de 2013 de « premier effondrement du bloc occidental » et le troisième événement, en octobre, de « dramatique ». Dramatique parce qu’il en va de la « crédibilité militaire » de son pays ; dramatique aussi pour l’OTAN, dont la Turquie est membre, comme la France et le Royaume-Uni, et dont les Etats-Unis sont supposés être « le garant en dernier ressort ».

C’est pour cela, explique M. Macron, qu’il a parlé de « mort cérébrale » à propos de l’Alliance atlantique. Car ce qu’on a vu, « c’est que l’OTAN en tant que système ne régule pas ses membres ». En gros, chacun fait ce qu’il veut.

[ad_2]

Source link

Have something to say? Leave a comment: