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A Bassora, dans une région qui fournit 90 % des exportations pétrolières du pays, le chômage et la violence des milices ont poussé les habitants à la révolte.
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Une épaisse fumée se dégage de pneus en flammes à la sortie de Bassora, la grande ville du Sud irakien. Des dizaines de jeunes hommes, certains masqués de foulards et de capuches, un bâton à la main, bloquent l’accès des véhicules vers le port d’Oum Qasr, à soixante kilomètres au sud. L’ambiance est tendue, la foule en rage défiante face aux visages étrangers, ce 18 novembre au matin.
Un mois et demi après le début de la contestation contre le pouvoir, ils veulent durcir le mouvement : imposer la grève générale et bloquer l’entrée du seul port d’importation du pays et des installations pétrolières qui truffent le paysage désertique. « C’est la seule façon pour que ce gouvernement de voleurs nous entende ! Ils doivent tous dégager : le gouvernement, le Parlement et le conseil provincial. Les manifestants se font tirer dessus, arrêter, kidnapper », crie Abou Ali, la voix étouffée par sa cagoule.
L’ouvrier de 22 ans fait la liste des plaies qui accablent cette région à l’embouchure du Tigre et de l’Euphrate, pourtant assise sur une véritable richesse d’or noir : les pénuries d’eau et d’électricité, des services de santé et d’éducation en désuétude, le fléau des drogues, le manque de logements et surtout d’emplois. Alors que Bassora fournit 90 % des exportations pétrolières du pays – qui tire de 85 % à 90 % de ses ressources du pétrole, soit 79 milliards de dollars (71,4 milliards d’euros) prévus en 2019 avec 3,88 millions de barils par jour –, un tiers de ses jeunes sont au chômage. Ils composent la moitié des 4,5 millions d’habitants de la province.
Délogés par la force
Les compagnies pétrolières internationales emploient surtout des cadres étrangers et une main-d’œuvre venue d’Asie, plus malléable et moins chère, au mépris des quotas de travailleurs irakiens imposés par la loi. Le reste des emplois du secteur, et dans les autres industries de la région, est une manne que se partagent les partis religieux chiites et leurs milices qui règnent en maître sur Bassora depuis 2003. « Les compagnies pétrolières, le port et l’aéroport sont contrôlés par les partis, ils se remplissent les poches et prennent des commissions sur les contrats. C’est une corruption en millions de dollars », accuse Abou Ali. Il dénonce leur complicité dans la mainmise accrue de l’Iran. « L’économie iranienne dépend de nous. Pour pouvoir importer ses biens de consommation et développer ses sociétés, l’Iran détruit notre agriculture et nos industries », abonde Ali, un ouvrier de 53 ans.
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