Au Liban, l’union sacrée des manifestants

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Protestors gather around the statue of Allah (Arabic for God) in al Nour Square in Tripoli, north of Lebanon, Saturday, November 2, 2019.

Dalia Khamissy pour M Le magazine du Monde

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Publié aujourd’hui à 15h07

« On ne sera que toi et moi. » Cela pourrait être une promesse d’amoureux, c’est seulement une annonce pessimiste. Lorsque le couple Herz quitte son domicile d’Aley, au sud-est de Beyrouth, ce jeudi 17 octobre, en fin de journée, pour aller manifester dans la capitale libanaise, Malak ne cache pas son scepticisme. La jeune femme est certes en colère contre les nouvelles taxes. Mais elle ne croit pas à la mobilisation. Trop familière des rassemblements qui tournent en rond, où l’on retrouve toujours les mêmes engagés. Dans chaque maison, dans tout le pays, les mêmes plaintes se font entendre, face aux coupures d’électricité, à la vie toujours plus chère, aux incessantes querelles politiciennes, mais ces griefs se partagent le plus souvent entre amis ou en famille, sans que la colère ne jaillisse dans la rue.

Ce jour-là, pourtant, Mohammad, lui, « a la foi ». Il sent que la coupe est pleine. Deux jours plus tôt, il a retroussé ses manches pour aider à éteindre d’immenses incendies. Les flammes ont ravagé des forêts et calciné des maisons. Une onde de choc. La gestion de la catastrophe par les autorités a été calamiteuse. Et puis, il y a aussi l’inquiétude croissante d’un effondrement financier. Des impôts en préparation sur les appels WhatsApp, l’essence ou les cigarettes, c’est le coup de trop, songe Mohammad, aspirant impénitent au changement.

Lire aussi « L’annonce de la taxe sur WhatsApp est l’étincelle » : colère contre de nouveaux prélèvements à Beyrouth

Le trentenaire avait vu juste. Depuis le 17 octobre, les Libanais se sont retrouvés par milliers les jours ordinaires et cent fois plus nombreux lors des journées les plus éclatantes. Ils communient. Ils exultent. Ils pansent leurs plaies. Ils réclament une vie digne. Ils accusent et demandent des comptes. Plus de trois semaines après le début de la contestation, Mohammad et Malak continuent de camper au pied du siège du gouvernement, au centre de Beyrouth. Au début de sa quatrième semaine d’affilée, le mouvement, toujours sans leader, ne s’était pas essoufflé, tandis qu’aucun nouveau gouvernement n’avait été formé, après la démission du premier ministre Saad Hariri, fin octobre.

« J’ai dit au soldat : “Tire si tu veux, je n’ai pas peur.” Puis je l’ai frappé [dans les parties génitales]. J’étais prête à me sacrifier. » Malak Alaywe Herz, manifestante

Le couple, qui s’est marié au cours de l’été, fait partie des irréductibles, de ceux déterminés à préserver le cœur battant du soulèvement, place Riad Al-Solh. Ce sont des nuits de joie, d’adrénaline et d’incertitude. Le sommeil est rare. Malak Alaywe Herz a les traits tirés. Silhouette menue, elle se présente comme « une femme au foyer », un sourire en coin. C’est elle qui, d’un coup de pied, a montré que l’esprit de toute-puissance affiché par la classe politique et son entourage n’est pas intouchable.

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