Pourquoi les Chiliens réclament une nouvelle Constitution

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La Constitution héritée de la dictature militaire cristallise les revendications du mouvement contre les inégalités sociales depuis un mois. Un référendum va finalement être organisé à ce sujet en avril 2020.

Par Publié aujourd’hui à 15h08

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Vue aérienne de la manifestation contre le président chilien, Sebastian Piñera, le 12 novembre à Santiago.
Vue aérienne de la manifestation contre le président chilien, Sebastian Piñera, le 12 novembre à Santiago. JAVIER TORRES / AFP

Les principaux partis politiques chiliens sont parvenus à un accord, dans la nuit du jeudi 14 au vendredi 15 novembre, après un mois de crise, « pour la paix sociale et la nouvelle Constitution » qui remplacera celle héritée de la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990). Un référendum sera organisé en avril 2020 pour demander aux Chiliens s’ils souhaitent changer de texte, et si oui, qui devrait rédiger cette nouvelle Constitution.

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Rédigée à la fin des années 1970, la Constitution chilienne reflète profondément l’adhésion de la dictature aux théories économiques néolibérales, relayées par les « Chicago boys », un groupe d’économistes chiliens formés aux Etats-Unis par Milton Friedman, entre autres.

L’idéologue du régime d’Augusto Pinochet, Jaime Guzman (assassiné par un mouvement armé d’extrême gauche en 1991), est le principal artisan de cette Constitution, qui remplace le texte précédent, de 1925. « Cette Constitution est très controversée, car elle a explicitement pour philosophie celle de l’Etat subsidiaire », explique Alfredo Joignant, professeur de sciences politiques à l’université Diego Portales. Le texte entérine la prépondérance des acteurs privés dans des secteurs qui relèvent dans de nombreux pays du domaine public.

Lorsqu’elle est adoptée en 1980 à travers un référendum frauduleux et organisé dans un contexte de grave répression des opposants politiques, la Constitution ne garantit pas, par exemple, l’accès des Chiliens à l’éducation supérieure ni à un système public de retraites – aujourd’hui gérées par des fonds de pensions privés, qui fonctionnent par capitalisation individuelle. Le texte entre en vigueur en 1981.

  • Une Constitution amendée de multiples fois, jamais transformée en profondeur

Après la victoire du « non » au référendum de 1988 sur le maintien au pouvoir d’Augusto Pinochet, la Constitution subit une série de réformes. La plus importante, en 1989, marque la fin de la dictature militaire, en inscrivant dans la Constitution le principe de pluralisme politique et limitant le recours à l’état d’urgence. Des dizaines de réformes vont ensuite avoir lieu, au fil des ans. Sous la présidence du socialiste Ricardo Lagos, en 2005, les sièges de sénateurs à vie sont abolis, et le mandat présidentiel est réduit de six à quatre ans. Mais les articles consolidant le modèle économique chilien, eux, restent en place.

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De plus, « la Constitution a été habilement élaborée, de façon à ce qu’elle soit très difficile à réformer en profondeur », explique M. Joignant. Toute réforme constitutionnelle demande en effet l’approbation des deux tiers ou des trois cinquièmes du Congrès (Chambre des députés et Sénat), un seuil très difficile à atteindre, d’autant plus sur des projets remettant profondément en cause l’organisation politique et économique du pays.

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