le Club africain de Tunis en proie à de graves difficultés économiques

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L’une des plus prestigieuses formations sportives du pays traverse une crise financière. Face à l’ampleur de la dette, les supporteurs ont décidé de mettre la main à la poche.

Par Publié aujourd’hui à 19h30

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Des supporteurs du Club africain lors d’une rencontre face à l’Espérance sportive, à Tunis, le 18 février 2018.
Des supporteurs du Club africain lors d’une rencontre face à l’Espérance sportive, à Tunis, le 18 février 2018. FETHI BELAID / AFP

Sportivement, le Club africain se porte bien. La formation de la capitale tunisienne a remporté sept de ses huit matchs de championnat et, sans une pénalité de six points infligée par la FIFA, elle serait en tête de la Ligue 1. Mais ce bilan est assombri par la grave crise économique qui secoue depuis plusieurs années les Rouge et Blanc. Avec treize titres de champion, autant de Coupes de Tunisie et une Ligue des champions, le Club africain, qui revendique deux à trois millions de supporters, est un monument en péril. Hamadi Bousbia, son ancien président (1988-1989 et 1993-1994), aujourd’hui membre du Comité des sages, ne le nie pas. « La situation est très compliquée. Il y a de quoi être inquiet, car la dette est importante. Je fais partie de ceux qui pensent que l’avenir du club peut être menacé », explique l’homme d’affaires, PDG de la Société de fabrication des boissons de Tunisie.

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La dette cumulée du club, depuis quatre ans, s’élève officiellement à 9,6 millions d’euros. A ce jour, environ 4,2 millions d’euros ont été épongés. Les raisons qui ont poussé le prestigieux club du quartier de Bab Jedid, l’une des six portes de la médina de Tunis, à s’endetter sont multiples mais visent principalement Slim Riahi, président de la formation de 2012 à 2017 – il est aujourd’hui réfugié en France. L’homme d’affaires, engagé en politique et fondateur de l’Union patriotique libre (UPL), est accusé d’avoir fait exploser la dette.

Impayés cumulés

« Il a vu grand, trop grand, précise l’entraîneur français Bertrand Marchand, passé deux fois sur le banc clubiste (2006-2007 et 2017-2018). Riahi a pratiqué une politique salariale démesurée à l’échelle de la Tunisie. Certains joueurs touchaient 30 000 à 40 000 euros par mois, avec d’importantes primes à la signature. Le problème, c’est qu’il ne pouvait pas honorer tous ses engagements et les dettes ont fini par s’accumuler. Riahi avait compris que le Club africain, avec ses millions de supporteurs qui sont aussi des électeurs, est un outil politique. C’est pour cela qu’il a été aussi ambitieux. »

De nombreux joueurs ont ainsi saisi la FIFA, faute d’avoir reçu les salaires promis. A titre d’exemple, le Congolais Fabrice Ondama, recruté en juillet 2017 et qui avait quitté Tunis six mois plus tard sans avoir reçu un dinar, réclame 800 000 euros. Le Ghanéen Nicholas Opoku, passé par le Club africain en 2017-2018, attend quant à lui 240 000 euros, tandis que la FIFA a imposé au club de payer au total 455 000 euros aux Camerounais Nicolas Song et Didier Yemga. La formation doit aussi de l’argent à des clubs pour des transferts qu’il n’a pas pu honorer. Et des entraîneurs licenciés demandent leur dû.

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En juillet 2017, le club avait été condamné à verser 480 000 euros au fisc en raison d’impayés cumulés entre 2000 et 2010. « Cela fait des années que des problèmes de gestion sont pointés », note Bertrand Marchand. En septembre, la FIFA lui a ainsi infligé une pénalité de six points en raison du non-paiement au MC Eulma (Algérie) des 480 000 euros pour l’achat d’Ibrahim Chenihi, en 2015. « Comment voulez-vous, avec un budget annuel d’environ 6 millions d’euros, que le Club africain puisse espérer s’en sortir rapidement ? Il faudra du temps », explique Hamadi Bousbia.

Une collecte de fonds

Avant la fin de l’année, le Club africain devra régler les litiges l’opposant à deux autres joueurs, le Tunisien Yoann Touzghar et le Zimbabwéen Matthew Rusike, à qui il doit respectivement 500 000 et 193 000 euros. Hamadi Bousbia va lui-même avancer 1,6 million d’euros, sous forme de prêt, pour aider la direction à solder certaines dettes. La crise financière a pris une ampleur telle que les supporteurs ont lancé une collecte de fonds. A ce jour, près de 960 000 euros ont été récoltés.

« Il y a des gens qui font de gros sacrifices pour verser quelques dinars. C’est un élan de solidarité assez extraordinaire, quand on connaît les difficultés quotidiennes que rencontrent beaucoup de Tunisiens », explique Bertrand Marchand, aujourd’hui à la tête du Croissant sportif chebbien (Ligue 1). Autre bonne nouvelle, l’opérateur téléphonique Ooredoo a réaffirmé son soutien en tant que sponsor principal, en signant un nouveau contrat de deux ans, pour un montant total de 1,6 million d’euros, dont 320 000 euros versés immédiatement.

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Le ministère des sports a, quant à lui, reçu le 30 octobre Abdessalem Younsi, le président du Club africain, pour évoquer sa situation. Les joueurs, qui n’ont plus touché leur salaire pour certains depuis trois mois, ont appris l’annulation du match amical prévu contre les Italiens de Brescia, dont la recette devait renflouer les caisses. « Même si de l’argent rentre, les dettes sont importantes. Et le Club africain est loin d’être tiré d’affaire, prévient un observateur. On parle d’une ardoise totale de 5 millions d’euros, mais la somme est peut-être encore plus importante… »

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