Bolivie : les erreurs d’Evo Morales

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Editorial. Alors que sous sa présidence la pauvreté a été divisée par deux dans le pays, les inégalités ont reculé, le PIB a connu une hausse constante, M. Morales n’a pas résisté à la tentation autoritaire.

Publié aujourd’hui à 11h32

Temps de Lecture 2 min.

Editorial du « Monde ». L’élection d’Evo Morales à la tête de la Bolivie fut, en 2006, un événement historique sans précédent. Pour la première fois, un indigène accédait à la fonction suprême dans un pays jusque-là dirigé sans partage par une élite minoritaire. Le nouveau président tint assez rapidement ses promesses, grâce à un certain nombre de mesures économiques et sociales spectaculaires. Sous la présidence Morales, la pauvreté a été divisée par deux, l’analphabétisme et les inégalités ont reculé, le PIB a connu une hausse constante.

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Ce président progressiste n’a malheureusement pas résisté à la tentation autoritaire. C’est cette dérive politique qui lui a valu d’être chassé de son pays, qu’il a fui mardi 12 novembre pour se réfugier au Mexique.

Le Mouvement vers le socialisme (MAS) d’Evo Morales avait fini par concentrer tous les pouvoirs, ignorant la classe moyenne urbaine et la jeunesse. Le président lui-même a commis une erreur majeure en 2016, lorsqu’il a décidé de ne pas tenir compte du « non » au référendum, pourtant organisé de sa propre initiative, pour pouvoir se présenter à un quatrième mandat, interdit par la Constitution.

Risque d’un désastreux retour en arrière

Les soupçons de fraude qui ont pesé sur le résultat de l’élection présidentielle du 20 octobre, avant même la tenue du scrutin, étaient dès lors inévitables. Face à la révolte citoyenne qui a éclaté, Evo Morales a redoublé d’arrogance, cherchant à mobiliser sa base et s’autoproclamant victorieux. Le rapport de l’Organisation des Etats américains (OEA), qui a confirmé de « graves irrégularités », a donné le coup de grâce. C’est le moment qu’a choisi la hiérarchie militaire pour demander au président de démissionner, afin de « permettre le retour de la stabilité » en Bolivie, comme aux heures les plus sombres des coups d’Etat militaires d’Amérique latine.

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La Bolivie court à présent le risque d’un désastreux retour en arrière. L’extrême droite, qui n’a jamais admis qu’un indigène dirige le pays, a pris la tête de l’opposition et s’efforce de marginaliser le centriste Carlos Mesa, arrivé deuxième à l’élection du 20 octobre. La façon dont la seconde vice-présidente du Sénat, Jeanine Añez, s’est proclamée mardi présidente par intérim, Bible à la main, après s’être fait remettre l’écharpe présidentielle par le commandant en chef de l’armée au Parlement sans le quorum nécessaire, a de quoi inquiéter, même si elle a reçu l’aval du Tribunal constitutionnel. « La Bible est revenue au palais [présidentiel] et la Pachamama [la déesse de la terre, pour les indigènes, dont se réclamait Morales] ne reviendra plus jamais », s’est réjoui Luis Fernando Camacho, devenu ces derniers jours le visage le plus visible de l’extrême droite, après avoir paradé dans les rues de La Paz aux côtés de policiers qui venaient de se mutiner.

Les affrontements et les manifestations de racisme qui ont suivi le scrutin font craindre un retour des fractures que l’on aurait pu espérer révolues. Depuis Mexico, Evo Morales crie au coup d’Etat dans une interview publiée jeudi par El Pais, et se dit prêt à retourner en Bolivie sans être candidat à la prochaine élection. Ce serait une nouvelle erreur. S’il a vraiment l’intérêt de ses concitoyens à cœur, M. Morales serait plus avisé de se tenir en retrait, afin que la violence puisse cesser en Bolivie et une issue constitutionnelle émerger. Celle-ci passe nécessairement par une nouvelle élection, qui ne pourra se tenir que si tous les partis se comportent de manière responsable.

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