« Appartenir au camp occidental ne correspond plus à l’idée que se fait M. Erdogan de la Turquie »

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L’OTAN, et tout particulièrement ses membres européens, s’interrogent de plus en plus sur la fiabilité de la Turquie, notamment depuis qu’elle a lancé une opération militaire chez son voisin syrien, souligne dans une tribune au « Monde » l’ancien ambassadeur de l’Union européenne.

Publié aujourd’hui à 06h00 Temps de Lecture 4 min.

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Le président de la Turquie,  Recep Tayyip Erdogan lors de la 74e session de l’assemblée générale des Nations Unies, à New York, le 24 septembre.
Le président de la Turquie,  Recep Tayyip Erdogan lors de la 74e session de l’assemblée générale des Nations Unies, à New York, le 24 septembre. Lucas Jackson / REUTERS

Tribune. L’incursion militaire turque dans le nord-est de la Syrie a créé un choc au sein de l’OTAN, choc qui pour les membres européens de l’alliance s’est ajouté aux décisions de Donald Trump de retirer sans consultations les forces spéciales américaines de ce territoire stratégique dans la lutte contre l’Etat islamique. De surcroît, la Turquie a commencé à renvoyer les djihadistes européens qu’elle détient sur son sol ou en Syrie vers leurs pays d’origine. Le président Trump, quant à lui, a déclaré que les djihadistes n’étaient pas le problème des Etats-Unis.

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La réaction du monde occidental à l’opération turque a été unanimement négative, y compris, chose rare, au sein de l’Union européenne (UE). De plus, sept gouvernements européens ont mis l’embargo sur les livraisons d’armes. Mais la question fondamentale est tout autre : les membres européens de l’Alliance atlantique peuvent-ils encore compter sur la Turquie dans les situations où la sécurité régionale de l’Europe serait en jeu ?

Dans le discours du secrétaire général de l’OTAN, le 7 novembre à Berlin, la réponse est parfaitement lissée : la Turquie au sud, comme la Norvège au nord, et les Etats-Unis, le Canada et le Royaume-Uni à l’ouest, sont « tous essentiels pour garantir la sécurité de l’Europe ». De fait, les officiers et diplomates turcs sont présents dans les instances de l’Alliance, tandis que les soldats d’Ankara sont engagés dans les opérations en Afghanistan comme le sont ses navires en Méditerranée.

Une puissance du milieu

Toujours est-il que l’atmosphère s’est alourdie depuis le coup d’état militaire avorté de juillet 2016 et la rotation accélérée des officiers turcs dans les instances de l’OTAN qui s’ensuivit, puis après les incursions turques dans le nord-ouest syrien, et plus substantiellement depuis les livraisons cet été de batteries de missiles russes S-400 sur une base aérienne voisine d’Ankara.

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Le cœur du sujet se situe dans l’ambition proclamée d’Ankara d’être une puissance du milieu, à équidistance politique des grandes puissances. L’appartenance au camp occidental, enracinée dans l’adhésion au Conseil de l’Europe en 1950, à l’OTAN en 1952, et dans des relations multiformes avec l’UE, ne correspond plus à l’idée que se fait Recep Tayyip Erdogan de la place de son pays dans le monde. Le président turc y est sans doute porté par ses références fréquentes à l’Empire ottoman, mais plus prosaïquement par son alliance avec le parti ultra-nationaliste MHP, indispensable pour compenser le déclin de son parti, l’AKP. Qui plus est, dans un pays où, entre 1926 et 2012, la « classe de sécurité nationale » a enseigné à des générations de lycéens la méfiance envers l’étranger, un sursaut nationaliste et une posture anti-occidentale sont des instruments tout indiqués pour dissimuler les difficultés politiques.

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