« L’Europe est-elle entrée dans une sorte de IVe République continentale où les gouvernements stables deviennent des exceptions ? »

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Des partis de gouvernement affaiblis, l’émergence de nouveaux venus au centre et à gauche, la percée de l’extrême droite… La maladie démocratique s’étend sur tout le continent, explique, dans sa chronique, Alain Salles, le chef du service International au « Monde ».

Par Publié aujourd’hui à 02h19

Temps de Lecture 4 min.

C’est une curieuse maladie démocratique qui se répand en Europe. Les électeurs se déplacent – de moins en moins nombreux – pour aller voter ; le scrutin a lieu ; un parti est déclaré vainqueur, mais sans majorité claire. Et personne n’est en mesure de véritablement gouverner. L’Europe, où les gouvernements stables deviennent des exceptions, est-elle entrée dans une sorte de IVe République continentale, à l’image du régime français qui a vu se succéder vingt-deux gouvernements en douze ans, entre 1946 et 1958 ?

La quatrième élection en quatre ans en Espagne en est la triste illustration. Depuis 2015, les gouvernements sans majorité semblent là pour expédier les affaires courantes, alors que la crise catalane se répand. La Belgique n’a pas de gouvernement fédéral depuis plus de 300 jours, minée par le poids du parti autonomiste flamand, la NVA, grand vainqueur des élections de juin. Il a fallu plus de 200 jours à Mark Rutte pour former son troisième gouvernement aux Pays-Bas, mais le libéral est à la tête du pays depuis 2010, une stabilité rare dans l’Europe d’aujourd’hui.

En Suède, au Danemark, en Finlande, les sociaux-démocrates sont revenus au pouvoir mais dans des gouvernements minoritaires, à la merci des ruades de l’extrême droite. Au Portugal, Antonio Costa apparaît plus solide après son succès électoral d’octobre, malgré son absence de majorité. A condition de ne pas se fâcher avec ses alliés de gauche radicale.

Dégagisme, nouveaux venus et extrême droite

Les scénarios varient d’un pays à l’autre mais des constantes se retrouvent. Les partis de gouvernement s’affaiblissent sur fond de dégagisme, amplifié par les crises européennes et l’insuffisance des réponses de Bruxelles. Cela profite à de nouveaux venus qui surgissent, au centre, à l’image d’En Marche ! en France ou de Ciudadanos en Espagne ; ou à gauche, avec Podemos en Espagne et Syriza en Grèce, même si la formation d’Alexis Tsipras a finalement pris la place laissée vacante par les socialistes du Pasok, englouti dans la crise grecque.

Mais c’est le plus souvent l’extrême droite qui profite du dégagisme général et dynamite les modèles démocratiques, même s’ils prétendent désormais au pouvoir, avec des succès divers, à l’image du FPÖ en Autriche et de la Ligue en Italie.

Cette fragilité est loin d’être l’apanage de petits pays. Laissons de côté le Royaume-Uni, dont les gouvernements depuis 2016 ne savent à quel Brexit se vouer. Dans la stable Allemagne, la « Groko » (« grosse Koalition ») entre les conservateurs et les sociaux-démocrates semble tester ses limites à chaque scrutin régional. Les deux grands partis qui ont alterné au pouvoir forment depuis 2013 une coalition en perte de vitesse. Elle est presque fatale pour le SPD, désormais dépassé par les Verts, tandis que l’interminable fin de règne de la chancelière Angela Merkel, au pouvoir depuis 2005, profite à l’extrême droite d’Alternative pour l’Allemagne (AfD).

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