A Grenade, chrétiens et musulmans prient pour la pluie et la coexistence

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Dans cette région agricole, le dialogue interreligieux et culturel tente de prendre le contre-pied du discours nationaliste du parti d’extrême droite Vox qui s’impose, comme partout en Espagne.

Par Publié aujourd’hui à 02h34

Temps de Lecture 3 min.

Vue sur la ville de Grenade depuis l’Alhambra, le 26 juin.
Vue sur la ville de Grenade depuis l’Alhambra, le 26 juin. GABRIEL BOUYS / AFP

LETTRE D’ESPAGNE

Il pleut, ces jours-ci, sur une bonne partie de l’Espagne. Et c’est une excellente nouvelle, tant la sécheresse qui sévit cette année dans le pays est grave, avec des réserves d’eau à 37 % de leur capacité, le plus bas niveau enregistré depuis 1995. Une sécheresse si sévère qu’à Grenade, l’archevêque et l’imam qui préside l’union des communautés islamiques d’Andalousie ont décidé d’agir. Le 14 octobre, les deux religieux se sont unis pour demander à leurs fidèles de prier ensemble pour que tombe la pluie.

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Dans un communiqué, ils ont résumé brièvement leurs intentions : « Face à la sécheresse persistante, l’archevêque de Grenade, Javier Martinez, et l’imam de la mosquée d’Omar de Grenade, Lahsen El Himer, d’un commun accord et dans l’esprit de fraternité qui plaît à Dieu et que nous rappelle le pape François, ont décidé de proposer à leurs fidèles respectifs, catholiques et musulmans, qu’ils élèvent vers Dieu leurs ferventes et insistantes oraisons pour demander au Seigneur la pluie, chacun selon sa propre tradition », explique le texte.

Région agricole

L’imam Lahsen et l’archevêque Martinez se connaissent depuis 2017, selon le quotidien El Pais, et se sont mutuellement invités pour célébrer tantôt la fin du ramadan, tantôt des rencontres religieuses, ce qui a abouti à la naissance d’une « amitié » et d’un « travail conjoint, pour encourager le vivre-ensemble et le dialogue interreligieux », raconte l’imam au journal espagnol. L’idée de cet appel commun à la prière est née d’une « relation cordiale » a expliqué l’archevêché, et d’un simple constat du manque d’eau, dans une région qui plus est éminemment agricole.

En Andalousie, le bassin hydrographique du Guadalquivir ne se trouve qu’à 34 % de sa capacité, un tiers de moins que l’an dernier à la même date. Et le reste de l’Espagne ne se porte pas mieux. Le lac de barrage d’Aguilar de Campoo, en Castille-Leon, se trouve à 18 % de sa capacité, laissant voir d’anciennes ruines médiévales d’ordinaire recouvertes par les eaux. Le bassin du fleuve Segura dans les régions de Murcie et de Valence est à 26 %. Le bassin du Tage, qui prend sa source dans la région espagnole d’Aragon et se jette près de Lisbonne, est à 35 %. Plusieurs municipalités d’Estrémadure ont dû ordonner des restrictions d’eau en octobre, dans la province de Badajoz.

Multiculturalisme contre parti nationaliste

Cependant, au-delà d’une inquiétude bien réelle sur le climat, c’est une certaine image de Grenade que les deux religieux ont défendue. A l’heure de la montée de l’extrême droite en Espagne, pays qui se croyait vacciné par quarante ans de dictature franquiste, la belle Grenade, capitale du dernier royaume musulman d’Espagne, durant lequel la coexistence des communautés juive et musulmane a contribué à la légende dorée d’Al-Andalus, continue ainsi d’incarner le multiculturalisme et l’entente entre les religions. Le 14 novembre, elle accueillera d’ailleurs un nouveau « Séminaire de dialogues interreligieux ».

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