le casse-tête du gouvernement – JeuneAfrique.com

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La tâche de trouver une équipe susceptible de convaincre la majorité des députés s’annonce ardue : Ennahdha a remporté moins d’un quart des sièges aux élections législatives et il faudra probablement cinq ou six partis pour obtenir une majorité stable. Un véritable casse-tête.


Loin de moi l’idée de dire qu’il n’y aura aucune coalition et que l’exécutif sera bloqué. Bien au contraire, ce dernier sera en guerre interne. En cause ? Le facteur Kaïs Saïed.

Prenons le cas du mandat de 2014-2019 : les deux orientations politiques du duo exécutif et législatif étaient claires : le centrisme de Nidaa Tounes (et ses futures scissions) et l’islamisme d’Ennahdha devaient cohabiter et aboutir a un consensus.

Aujourd’hui, on assiste toutefois à un tout autre paysage. Si on aboutit au gouvernement d’union nationale réclamé par les uns et discrédité par les autres, les orientations politiques seraient bien différentes. On retrouverait un ou deux partis se revendiquant du centrisme (Qalb Tounes, Tahya Tounes), l’islamisme politique (Ennahdha) mais aussi l’idéologie hybride de Kaïs Saïed mêlant conservatisme identitaire et radicalisme de gauche. On pourrait penser que, dans ce cas de figure, le (ou les) parti(s) centriste(s) serai(en)t isolé(s) et subirai(en)t les assauts du conservatisme, dominant la coalition.

Mais si Ennahdha a revêtu son costume d’identitarisme islamique pour la campagne électorale, nul ne peut renier le libéralisme économique de ce parti, ce dernier s’entendant beaucoup mieux avec les centristes qu’avec l’extrême-droite fraîchement débarquée à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), incarnée par Seifeddine Makhlouf et ses camarades. Ainsi, celui qui aura les clés du pouvoir sera le parti centriste, mais aura face à lui deux verrous, au choix : Kaïs Saïed ou Ennahdha.

Une situation symptomatique du régime

Cette situation est inédite, mais ses causes ne le sont pas. Le régime du « ni-ni » adopté par la Tunisie pousse à des rivalités, la plus récente étant celle du défunt président Béji Caïd Essebsi et de l’actuel chef du gouvernement, Youssef Chahed.

L’ex-candidat à la présidentielle et chef du parti Tahya Tounes a réussi à centraliser le pouvoir exécutif en allant chercher le soutien d’Ennahdha a l’ARP, court-circuitant ainsi le président de la République et devenant le chef du gouvernement détenant le record de longévité depuis la révolution de 2011.

Dans la situation actuelle, Kaïs Saïed est encore plus isolé. N’ayant pas de parti à l’Assemblée, le président aura besoin d’un autre soutien pour tenter d’imposer son agenda au chef du gouvernement, et vice-versa. Nous sommes donc dans une situation de dualité au sein même de cette éventuelle coalition.

Le choix du centre

Le centre s’alliera-t-il avec Kaïs Saïed ? C’est une éventualité. Qalb Tounes et Tahya Tounes refuseraient d’entrer au gouvernement si l’exécutif est présidé par Ennahdha. Les deux partis pourraient être représentés dans un gouvernement d’union nationale uniquement si le chef de ce dernier est « une personnalité nationale indépendante ». Malgré cela, Ennahdha réussira à exercer son contrôle comme il l’avait fait auparavant durant toute la période de la Troïka.

Le centre sera donc dans une position délicate, ayant pour seule éventualité de soutenir Kaïs Saïed dans sa rivalité avec le prochain pensionnaire de la Kasbah. Si pour beaucoup, s’allier a Ennahdha est un vrai casse-tête de compatibilité, les centristes et le parti islamiste partagent une vision commune de la politique économique du pays. Il sera difficile pour Tahya Tounes ou Qalb Tounes de s’aligner sur les positions de Kaïs Saïed étant donné son anti-libéralisme assumé.

Les deux veulent éviter le joug de la majorité islamiste

Quoi qu’il en soit, la composition de ce parlement pousse le centre à faire des compromis. S’unir avec Kaïs Saïed semble être un deal « gagnant-gagnant » étant donné que les intérêts convergent : les deux veulent éviter le joug de la majorité islamiste.

Tandis que s’unir avec Ennahdha a déjà fait des victimes (Ettakatol, Congrès pour la République, Nidaa Tounes…), rien que la présence d’un des partis centristes dans cette hypothétique coalition va causer des dégâts et défections. Une chose est sûre : la lutte pour le pouvoir semble beaucoup plus longue que l’application de ce dernier.



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JeuneAfrique

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