Hongkong quasi paralysé par le mouvement de protestation

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Une rue encombrée de briques près de la City University à Hongkong, le 12 novembre.
Une rue encombrée de briques près de la City University à Hongkong, le 12 novembre. THOMAS PETER / REUTERS

Les conflits entre les protestataires et la police à Hongkong se sont déplacés, dans la nuit de mardi à mercredi, dans les grandes universités de la ville, fers de lance du mouvement et, semble-il, nouvelles cibles des forces de l’ordre. Des heurts violents ont eu lieu sur le campus de la prestigieuse université chinoise de Hongkong, dans les collines des nouveaux territoires de Sha Tin, transformé, pendant de longues heures, en un violent champ de bataille, mardi soir.

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Quelques centaines d’étudiants avaient d’abord tenté de s’opposer à l’entrée, illégale selon eux, des policiers sur le campus. La police, elle, cherchait à reprendre le contrôle d’un pont d’accès à l’université depuis lequel les manifestants jetaient toutes sortes de meubles et de débris sur l’autoroute et la voie ferrée de la ligne Est qui rejoint la Chine.

En interrompant ces deux axes majeurs qui passent en dessous de cette passerelle, le but des manifestants était de bloquer l’accès aux cours et l’activité générale de la ville, à quoi le mouvement avait appelé mardi. Malgré des négociations entre les autorités de l’université et la direction de la police, ni les forces de l’ordre se trouvant sur le terrain, ni les manifestants ne se sont retirés.

« C’est un drame »

Une offensive particulièrement virulente a eu lieu pendant près d’une demi-heure, la police tirant en profusion balles en caoutchouc et gaz lacrymogènes. Plus de mille cartouches de gaz lacrymogènes ont été ramassées par les étudiants mercredi. La grande salle de gym attenante à la piste d’athlétisme a été transformée en hôpital de campagne pour accueillir de nombreux blessés. « C’est un drame. Les deux parties campent à présent sur leurs positions les plus extrêmes », déclarait, mercredi, au Monde le professeur Choy Ivan Chi-keung, du département gouvernement et administration publique de l’université chinoise.

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D’autres universités de la ville, notamment l’université de Hongkong et la City University, ont été le théâtre de conflits ouverts. Des heurts ont également eu lieu dans de nombreux autres quartiers. Les manifestants ont réussi à pénétrer dans le centre commercial de Festival Walk près de la City University, et ont mis le feu au sapin de Noël de l’atrium. Depuis l’évacuation soudaine des lieux lors de heurts récents, les manifestants soupçonnent la police d’avoir tué un manifestant et de vouloir camoufler leur bavure. Ils réclament les vidéos de surveillance au centre commercial, qui refuse de les partager. Interrogé à ce sujet par les députés, mercredi matin, le ministre de la sécurité, John Lee, lui-même ancien policier, a estimé ces rumeurs « sans fondement ».

Mercredi matin, les Hongkongais de certains quartiers ont pu croire, à leur réveil, qu’il avait plu des briques et des débris de toutes sortes pendant la nuit… Les grandes rues de six ou huit voies de Kowloon, la péninsule très dense qui fait face à l’île de Hongkong, certaines voies rapides normalement encombrées le matin de bus bondés emmenant les gens sur leur lieu de travail, tout comme les tunnels et certaines sections de la seule route qui fait le tour de l’île de Hongkong, étaient jonchés de débris voués à bloquer le trafic ou simplement coupés par des barricades de fortune faites de barrières de sécurité, de lampadaires décapités, de panneaux routiers ou de bambou d’échafaudage.

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A l’heure du déjeuner, mercredi, des centaines d’employés de bureau et de passants, la plupart non masqués, sont à nouveau descendus dans les rues du quartier d’affaires de Central, comme lundi et mardi, pour crier leur colère face à l’obstination du gouvernement de ne rien céder aux manifestants, et de ne rien faire pour sortir Hongkong de cette impasse. Des manifestants radicaux ont alors cassé la grande vitrine de la Bank of Communications, cinquième plus grande banque de Chine, sous les applaudissements d’une partie des spectateurs. 

Reproches des syndicats

Malgré cette énorme pagaille qui persiste et s’aggrave, la chef de l’exécutif de Hongkong, Carrie Lam, a refusé de suspendre les cours, s’attirant les reproches de tous les syndicats du secteur de l’éducation, l’un d’eux l’accusant de « ne pas vouloir perdre la face ». Nombre d’établissements ont donc pris l’initiative de le faire eux-mêmes.

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Le gouvernement a toutefois annoncé, mercredi en début d’après midi, que les écoles seraient fermées jeudi. Le bureau de liaison, c’est-à-dire la représentation officielle de la Chine dans sa région administrative spéciale, a, de son côté, appelé à encore plus de fermeté, au motif que Hongkong s’enfonçait dans l’abyme : « Le gouvernement de Hongkong, la justice et la police doivent résolument adopter tous les moyens nécessaires pour venir à bout des nombreux actes de violence et de terrorisme », est-il écrit dans un communiqué publié mardi soir. Le mouvement a appelé, lui, à des rassemblements dans 35 endroits de la ville, mercredi soir à 21 heures.

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