« La neutralité de l’Etat américain est aujourd’hui subvertie » par Donald Trump

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Les politologues Steven Levitsky et Daniel Ziblatt signent « La Mort des démocraties », dans lequel ils analysent les dérives qui menacent les libertés politiques en Occident.

Propos recueillis par Marc-Olivier Bherer Publié aujourd’hui à 07h15, mis à jour à 07h15

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La Mort des démocraties (How Democracies Die), de Steven Levitsky et Daniel Ziblatt, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Pascale-Marie Deschamps, Calmann-Lévy, « Liberté de l’esprit », 342 p., 20,50 €.

Daniel Ziblatt est professeur de sciences politiques à l’université Harvard (Massachusetts). Avec son collègue Steven Levitsky, il vient de faire paraître La Mort des démocraties, une étude des dérives qui peuvent conduire à la disparition de la liberté politique. A la lumière d’exemples historiques, ils tentent d’éclairer la situation actuelle, pour comprendre la menace que représente à leurs yeux la présidence de Donald Trump.

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La démocratie américaine peut-elle mourir ?

Avant toute chose, j’aimerais dire qu’elle n’a jamais été parfaite. Il a fallu ­attendre les années 1960 pour que les Etats-Unis deviennent pleinement une démocratie, grâce à l’adoption du Civil Rights Act [mettant fin à la discrimination raciale] et du Voting Rights Act [pour garantir le droit de vote à tous]. Néanmoins, la démocratie est implantée ici depuis relativement longtemps. Nous vivons de plus dans un pays riche. Or la science politique nous enseigne qu’une démocratie a plus de chance de se maintenir là où l’on trouve cette longévité et cette prospérité.

Daniel Treisman, de l’université de Californie à Los Angeles, a tiré de données datant du XXe siècle un modèle statistique permettant d’évaluer le risque qu’une démocratie s’effondre. Pour les Etats-Unis, il l’estime à 0,0008 %. Je vous répondrai donc que la démocratie américaine est robuste. Cela dit, elle fait aujourd’hui face à un défi d’une ampleur inédite, certains des ­principes qui la fondent étant attaqués frontalement.

Pouvez-vous nous dire ce que vous trouvez le plus inquiétant dans la ­politique de Donald Trump ?

Avant même qu’il ne soit élu, il s’en est pris aux médias, déclarant que la presse était l’ennemi du peuple. Il a en outre remis en doute la légitimité de son adversaire, Hillary Clinton. Au cours d’un meeting, il a soutenu le recours à la violence, se disant prêt à payer les frais d’avocat de ceux qui se livreraient à des attaques contre ses détracteurs. Le candidat Trump s’en est donc pris aux principes fondateurs qui permettent à la démocratie de fonctionner.

Son entrée à la Maison Blanche ne l’a pas amené à apaiser son discours. Pour certains, il se contente d’émettre des ­menaces, sans passer à l’action, ce qui est en partie vrai. Toutefois, la neutralité de l’Etat est aujourd’hui subvertie. Je vous en donne un seul exemple, mais il y en a beaucoup d’autres. En mars 2017, le procureur fédéral de New York a été limogé, alors que, selon la presse, l’une des enquêtes qu’il conduisait risquait d’atteindre des proches du président. L’Etat de droit est directement attaqué.

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