En Inde, Bollywood à l’image de la fièvre nationaliste

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Les producteurs indiens capitalisent sur les films mettant en scène la guerre et la ferveur patriotique. Le premier ministre indien Narendra Modi utilise, lui, le cinéma comme un outil de propagande.

Par Julien Bouissou Publié aujourd’hui à 05h28

Temps de Lecture 4 min.

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L’affiche du film « Uri : the surgical strike », réalisé par Aditya Dhar, est sorti dans les salles en Inde en janvier.
L’affiche du film « Uri : the surgical strike », réalisé par Aditya Dhar, est sorti dans les salles en Inde en janvier. PEEAS ENTERTAINMENT

LETTRE DE NEW DELHI

Les producteurs de Bollywood n’ont pas perdu de temps. Quelques heures après les frappes aériennes indiennes au Pakistan du 26 février, ils se sont rués au guichet de l’association des producteurs de cinéma indien (IMMPA) pour y déposer des titres de films inspirés de cette attaque visant un camp d’entraînement du groupe islamiste du Jaish-e-Mohammad (JeM).

Ils y sont retournés lorsque l’armée pakistanaise a riposté, puis quand un pilote indien a été capturé et enfin libéré. Les producteurs de cinéma hindi ont été aussi rapides que les Mirage 2000 de l’armée de l’air indienne.

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Peu importe si la cible des frappes a été atteinte ou si des « terroristes » ont été tués, c’est la ferveur nationaliste qui les intéresse. La guerre se porte si bien au box-office indien que les producteurs capitalisent dessus, comme en témoigne le succès du film Uri : the surgical strike, sorti à la mi-janvier. Le titre reprend la formule de « frappe chirurgicale » utilisée pour désigner une opération militaire héliportée indienne menée au Pakistan en 2016, et qui avait surtout frappé les esprits.

Dans ce film, les gentils sont musclés, portent l’uniforme militaire et des lunettes de soleil. Les méchants ont les yeux injectés de sang, une barbe épaisse et une longue tunique. Les Pakistanais sont des musulmans qui sont des terroristes. Des amalgames qui font froid dans le dos dans un pays rongé par le nationalisme hindou et qui abrite tout de même la deuxième population musulmane au monde.

Un curieux mélange des genres

Si le Mahatma Gandhi (qui n’était pas un grand cinéphile) voyait, ne serait-ce que la bande-annonce, il se retournerait sur son bûcher funéraire. Et il y retournerait une seconde fois en voyant comment le film a été mis au service de la propagande du parti nationaliste hindou, par un curieux mélange des genres.

Paresh Rawal qui joue le rôle d’Ajit Doval, le conseiller à la sécurité du premier ministre indien Narendra Modi, est aussi député du parti nationaliste hindou Bharatiya Janata Party (BJP) au pouvoir. Il a traité de « termites » ceux qui critiquaient Uri : the surgical strike, et a dans la même phrase qualifié M. Modi de « coqueluche des jeunes ».

Dans la plus grande démocratie au monde, la critique cinématographique est devenue un dur métier. Mais il est encore plus périlleux de critiquer l’intervention militaire indienne, la vraie. C’est ce qui est arrivé à un enseignant du sud de l’Inde qui, après avoir publié un billet sur Facebook, a été contraint de s’excuser à genoux, par des extrémistes hindous pendant qu’ils le filmaient.

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