Le procès d’Ion Iliescu, la révolution roumaine en accusation

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L’inculpation pour « crimes contre l’humanité » de l’ex-président ravive les divisions concernant les heures troubles du soulèvement de 1989.

Par Publié aujourd’hui à 10h00

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Les partisans du candidat au Front de salut national et président par intérim, Ion Iliescu, déposent des fleurs sur les affiches de leur chef lors de la campagne d’Iliescu avant les élections présidentielle et législatives du 17 mai 1990 à Bucarest. Iliescu est devenu, le 20 juin 1990, le successeur officiel de Nicolae Ceausescu, exécuté le 25 décembre 1989 après son renversement.
Les partisans du candidat au Front de salut national et président par intérim, Ion Iliescu, déposent des fleurs sur les affiches de leur chef lors de la campagne d’Iliescu avant les élections présidentielle et législatives du 17 mai 1990 à Bucarest. Iliescu est devenu, le 20 juin 1990, le successeur officiel de Nicolae Ceausescu, exécuté le 25 décembre 1989 après son renversement. GERARD FOUET / AFP

Le chef d’accusation est lourd : « crimes contre ­l’humanité ». L’ex-président Ion Iliescu, l’un des personnages symboles de la révolution qui renversa le régime de ­Nicolae Ceausescu, a été inculpé, en avril 2018, par le procureur gé­néral, au terme de son enquête sur le soulèvement de décembre 1989.

Trente ans plus tard, la Roumanie reste hantée par un passé qui ne passe pas, par les ombres ­entourant cette étrange « révolution », qui fut tout à la fois un mouvement populaire et un coup d’Etat. Cas unique parmi les ex-démocraties populaires, la chute du communisme roumain fut sanglante, loin de la « révolution de velours » tchécoslovaque, de l’ouverture du mur à Berlin, de la longue montée en puissance de Solidarnosc en Pologne ou de la révolution de palais à Sofia. Le ­jugement et l’exécution som­maires de l’ancien dictateur et de son épouse, Elena, après quelques heures de cavale, constituent aussi un exemple singulier.

« Le moment fondateur du retour à la démocratie était, d’entrée de jeu, marqué par le mensonge et la manipulation », explique Jacques Rupnik, professeur à Sciences Po Paris, spécialiste de l’Europe centrale et orientale. Il relève que cette mémoire trouble pèse d’autant plus lourd « que la Roumanie fut le pays où le communisme fut le plus totalitaire et le plus fou ». Il n’y a encore aucun consensus sur les origines et les principaux épisodes du soulèvement de décembre 1989.

Révolution ou complot ?

« C’est une situation très ambiguë, où les juges se retrouvent à devoir chercher la vérité historique et à trancher dans un débat qui continue de diviser profondément les partis politiques », renchérit Irène Costelian, politiste et journaliste franco-roumaine. Révolution ou complot ? Deux thèses continuent en effet de s’affronter. Les positions sont d’autant plus extrêmes que nombre des protagonistes de la révolution, puis du pouvoir mis en place sont issus de l’ancien régime.

Ex-dirigeant régional du parti, formé en partie en Union soviétique et considéré de longue date comme proche de Gorbatchev, Ion Iliescu est à cet égard emblématique. Il fut d’abord président du pouvoir de transition, né en direct à la télévision pendant les événements, avant d’être triomphalement élu pour six ans à la présidence, en mai 1990, avec 85 % des voix, par une population réticente à un changement trop brutal. Il fut de nouveau élu à la tête du pays en 2000, pour quatre ans.

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