Une révolte contre le « capitalisme de connivence »

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La proximité entre les dirigeants économiques et les politiques s’est amplifiée, donnant le sentiment aux populations qu’elles sont laissées de côté au profit des élites.

Par Publié aujourd’hui à 06h14, mis à jour à 06h24

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Après une manifestation contre l’augmentation du prix du ticket de métro, à Santiago (Chili), le 19 octobre.
Après une manifestation contre l’augmentation du prix du ticket de métro, à Santiago (Chili), le 19 octobre. IVAN ALVARADO / REUTERS

Du Chili au Liban, en passant par l’Irak et la France, les élites économiques et politiques sont accusées de collusion. En France, Emmanuel Macron est surnommé le « président des riches », en Algérie, les manifestants accusent le pouvoir d’avoir « vendu le pays », et au Liban, le slogan « A bas le gouvernement des voleurs ! » est repris en chœur par les foules.

Difficile à mesurer, la connivence entre élites économiques et politiques se serait amplifiée au cours des dernières années. Caroline Freund, économiste à la Banque mondiale, a calculé qu’entre 1996 et 2014, la part du patrimoine des milliardaires proches du pouvoir ou dont l’activité dépend de l’accès à des ressources contrôlées par l’Etat a augmenté pour atteindre 20,4 % du patrimoine total des milliardaires en Europe, 16,7 % au Chili ou 33 % au Liban. Cette connivence s’est aussi manifestée par l’arrivée au pouvoir de milliardaires, comme Sebastian Piñera au Chili, ou l’ascension fulgurante de certains chefs d’entreprise, comme Gautam Adani ou Mukesh Ambani, proches du dirigeant indien Narendra Modi.

Ce capitalisme de connivence, souvent synonyme de clientélisme, a un coût économique et social élevé, notamment au Liban. Ishac Diwan et Jamal Haidar, deux chercheurs à l’université américaine de Harvard, ont montré dans une étude publiée en 2017 (accessible ici en anglais) que 42,7 % des entreprises libanaises de plus de 100 employés étaient « politiquement connectées », c’est-à-dire qu’elles comptaient dans leur management ou leur conseil d’administration un homme politique. Dans les secteurs où ces entreprises sont les plus présentes, la croissance, la hausse de la productivité et la création d’emplois sont plus faibles que dans le reste de l’économie.

Deux formes de capitalisme de connivence

Que vaut la réussite scolaire ou un diplôme si une connexion politique suffit à trouver un emploi ? Pourquoi créer son entreprise si des concurrents peuvent user de leur influence politique pour remporter des contrats ? « La convergence entre élites économiques et politiques s’accélère, et c’est un danger réel, s’inquiète Branko Milanovic, économiste spécialisé des inégalités. Elle entretient l’impression que les élites s’occupent d’elles-mêmes en laissant de côté la population, comme on l’a vu avec le mouvement des “gilets jaunes”. »

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