Macron juge l’Europe au « bord du précipice » et l’OTAN en état de « mort cérébrale »

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Le chef de l’Etat s’alarme de la fragilité de l’Europe entre le désalignement de la politique américaine et l’émergence de la puissance chinoise, dans un entretien à « The Economist »  jeudi.

Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 13h30

Temps de Lecture 2 min.

Le président français s’inquiète de la « fragilité extraordinaire de l’Europe », qui « disparaîtra » si elle ne « se pense pas comme puissance dans ce monde », dans un entretien à l’hebdomadaire The Economist publié jeudi 7 novembre.

« Je ne crois pas dramatiser les choses, j’essaye d’être lucide », souligne Emmanuel Macron qui voit trois grands risques pour l’Europe : qu’elle ait « oublié qu’elle était une communauté », le « désalignement » de la politique américaine du projet européen, et l’émergence de la puissance chinoise « qui marginalise clairement l’Europe ». « Depuis soixante-dix ans, on a réussi un petit miracle géopolitique, historique, civilisationnel : une équation politique sans hégémonie qui permet la paix. (…) Mais il y a aujourd’hui une série de phénomènes qui nous mettent dans une situation de bord du précipice », insiste M. Macron, qui voit aussi l’Union européenne « s’épuiser sur le Brexit ».

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« L’Europe a oublié qu’elle était une communauté »

Le président français estime d’abord que « l’Europe a oublié qu’elle était une communauté, en se pensant progressivement comme un marché, avec une téléologie qui était l’expansion ». Selon le chef de l’Etat, il s’agit là d’une « faute profonde parce qu’elle a réduit la portée politique de son projet, à partir des années 1990 ».

Deuxième danger : les Etats-Unis qui restent « notre grand allié » mais « regardent ailleurs » vers « la Chine et le continent américain ». Ce basculement a été amorcé sous Barack Obama, estime le chef de l’Etat. « Mais pour la première fois, nous avons un président américain [Donald Trump] qui ne partage pas l’idée du projet européen, et la politique américaine se désaligne de ce projet », estime-t-il.

Enfin, le rééquilibrage du monde va de pair avec l’émergence – depuis quinze ans – d’une puissance chinoise qui crée un risque de bipolarisation et marginalise clairement l’Europe. Et à ce risque de « G2 » Etats-Unis/Chine, s’ajoute « le retour de puissances autoritaires, au voisinage de l’Europe, qui nous fragilisent également très profondément », ajoute M. Macron, citant la Turquie et la Russie. En conséquence, il estime que si les Européens n’ont « pas un réveil, une prise de conscience de cette situation et une décision de s’en saisir, le risque est grand, à terme, que géopolitiquement nous disparaissions, ou en tous cas que nous ne soyons plus les maîtres de notre destin. Je le crois très profondément ».

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« Muscler » l’Europe de la défense

Le président français a également estimé lors de ce même entretien que « ce qu’on est en train de vivre, c’est la mort cérébrale de l’OTAN », l’expliquant par le désengagement américain vis-à-vis de ses alliés et de l’attitude d’Ankara, membre de l’Alliance. Il faut « clarifier maintenant quelles sont les finalités stratégique de l’OTAN », a affirmé le chef de l’Etat, en plaidant à nouveau pour « muscler » l’Europe de la défense, alors qu’un sommet de l’OTAN aura lieu à Londres début décembre.

« Vous n’avez aucune coordination de la décision stratégique des Etats-Unis avec les partenaires de l’OTAN et nous assistons à une agression menée par un autre partenaire de l’OTAN, la Turquie, dans une zone où nos intérêts sont en jeu, sans coordination », a-t-il souligné. « Ce qui s’est passé est un énorme problème pour l’OTAN. »

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