Entre Moscou et l’Occident, des lectures très divergentes sur la fin de la guerre froide

0
128

[ad_1]

Si les avis sur la période 1989-1991 sont différents selon les époques et les positionnements politiques, l’idée que l’ex-Union soviétique ait subi une défaite est majoritairement rejetée en Russie.

Par Publié aujourd’hui à 06h30

Temps de Lecture 4 min.

Analyse. L’Occident a-t-il gagné la guerre froide ? A l’Ouest, la question suscite peu de débats. Et la chute du mur de Berlin, dont les trente ans sont célébrés ce 9 novembre, constitue un repère, tout au moins un symbole communément admis de la défaite soviétique. Dès janvier 1992, George H. W. Bush, jusque-là opposé à tout triomphalisme, le proclame : « Par la grâce de Dieu, l’Amérique a gagné la guerre froide. »

Selon cette lecture, il serait ainsi revenu au président Bush de parachever le travail de ses prédécesseurs et, singulièrement, celui de Ronald Reagan. Celui-ci aurait, de façon déterminée, accéléré l’effondrement d’une Union soviétique en décrépitude, en la poussant vers une nouvelle course aux armements ruineuse et en aidant l’insurrection afghane contre l’armée de Moscou.

Différences d’appréciation

Cette vision des événements est loin de faire l’unanimité en Russie. Les avis sur la période 1989-1991 ont beau diverger selon les époques et les positionnements politiques, on y retrouve, majoritaire, un rejet de l’idée que la Russie serait à classer dans le camp des perdants. Or les différences d’appréciation sur l’issue de la guerre froide contribuent à la défiance actuelle entre Moscou et les Occidentaux, au même titre que la supposée « humiliation » de la Russie qui aurait suivi, dans les années 1990.

La différence principale tient probablement à la manière de définir ce conflit, né dès la fin de la seconde guerre mondiale. A l’Ouest, on y voit un affrontement entre deux systèmes, deux idéologies, mais aussi deux blocs géopolitiques. Dès lors, la chute de l’idéologie communiste et celle de l’empire soviétique ne peuvent que signifier une défaite pleine et entière.

Côté russe, la guerre froide est réduite à l’affrontement entre puissances dotées de l’arme nucléaire. Le fait que cet affrontement n’ait pas eu lieu revient à proclamer le match nul. L’épilogue de la guerre froide est dès lors à chercher non dans l’effondrement d’un camp, mais dans la série de sommets (Reykjavik 1986, Malte 1989) et d’accords de contrôle des armements (traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire en 1986, traité Start I sur la réduction des armes stratégiques offensives en 1991) conclus entre les deux blocs.

Cette vision fut défendue dès l’origine par Mikhaïl Gorbatchev, qui s’est vu d’ailleurs décerner le prix Nobel de la paix en 1990. Dans son « testament politique » publié cette année, Le Futur du monde global (Flammarion, 216 p., 18 euros), l’ancien dirigeant soviétique répète ce mantra : « La fin de la guerre froide a été une victoire commune, obtenue grâce au dialogue, aux négociations sur les problèmes très ardus relatifs à la sécurité et au désarmement. »

[ad_2]

Source link

Have something to say? Leave a comment: