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L’économiste Ignacio Flores Beale observe, dans une tribune au « Monde » que pendant trois décennies, croissance et inégalités ont cru au même rythme au Chili. Un phénomène à l’origine du puissant mouvement de protestation sociale.
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Tribune. « Ce n’est pas 30 pesos, c’est 30 ans ! » La phrase fait référence à l’augmentation du prix du ticket de métro à Santiago du Chili, qui a déclenché la plus grande manifestation qu’a connue le pays depuis le référendum contre Pinochet en 1989 [« On ne se bat pas pour 30 pesos, mais contre trente ans de politique libérale »]. La foule est dans la rue, le couvre-feu a été imposé pendant une semaine, le gouvernement Chilien a annoncé 15 morts, tandis que l’institut national des droits humains du Chili a dénombré plus de 130 plaintes pour tortures et 1 500 blessés.
La situation a des airs de déjà-vu, mais il peut paraître difficile de comprendre comment le Chili, souvent jugé exemplaire, en est arrivé là. L’économie chilienne semble bien se porter, les salaires réels – qui prennent en compte l’évolution des prix – augmentent. Même le salaire minimum a plus que doublé en trente ans. Que s’est-il donc passé ? Pourquoi le gouvernement ne réussit-il pas à calmer les esprits ? Que faire pour résoudre la situation ?
Une élite intouchable
Sur les trois dernières décennies, les inégalités économiques sont relativement stables au Chili, ce qui veut dire que l’ensemble des revenus a progressé à la même vitesse, mais que les inégalités se sont maintenues à des niveaux extrêmes. D’un côté, les 1 % les plus riches de la population ont amassé entre un quart et un tiers des revenus, et les 10 % les plus riches en ont récupéré plus de la moitié. Ainsi, pour 1 euro de croissance, le décile supérieur en récupère environ 55 centimes, et 90 % de la population se partage le reste. Ces écarts signifient que deux pays coexistent au sein d’un même, l’un avec les revenus des riches en Allemagne, l’autre avec celui des pauvres en Moldavie.
Ces inégalités sont loin de n’être qu’économiques. Le ressenti de la population est qu’il existe au Chili une élite intouchable occupant une place non méritée. Par exemple, Quiñeco, la plus grande société d’investissements du pays est contrôlée par Iris Fontbona, qui en a hérité ; la deuxième fortune du pays est le cadeau d’une entreprise – auparavant publique – de Pinochet à son beau-fils. La réalité chilienne est loin de l’idéal méritocratique régnant, car en pratique les places décisives sont réservées d’avance à quelques hommes issus de cercles sociaux hermétiques.
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