A Hongkong, les Chinois se font discrets

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Dans la région administrative spéciale, les résidents chinois, ainsi que les touristes et les étudiants venus du continent, redoutent d’être pris pour cibles.

Par Publié aujourd’hui à 17h19

Temps de Lecture 3 min.

Une librairie chinoise vandalisée à Hongkong, le 20 octobre.
Une librairie chinoise vandalisée à Hongkong, le 20 octobre. UMIT BEKTAS / REUTERS

Arrivées à Hongkong en septembre pour la rentrée universitaire, Emma et Demi, deux étudiantes chinoises de 18 ans qui préfèrent utiliser leur prénom en anglais, n’ont connu de la ville que les manifestations. Les attaques contre le drapeau chinois, la destruction d’officines de banques ou de marques chinoises, les graffitis « anti-Chinazi » qui tapissent les murs, ont été pour elles un choc, même si elles se sentent en sécurité sur le campus de Hongkong U, dont 15 % des étudiants sont de Chine continentale.

« La plupart du temps je reste chez moi, je sors le moins possible », dit Demi, qui va sur les réseaux sociaux vérifier où ont lieu les rassemblements et les incidents. Elles habitent dans un internat situé dans le quartier de l’ouest de l’île de Hongkong, qui abrite le Bureau de liaison chinois, c’est-à-dire la représentation officielle du gouvernement chinois dans sa Région administrative spéciale.

Emma se tient à distance des manifestations, ne les regarde qu’à la télévision ou sur des vidéos. Ce qui l’a plus attristée, c’est le 1er octobre, le jour de la fête nationale chinoise : « Des drapeaux chinois collés au mur par des étudiants de Chine continentale ont été arrachés. Il n’y avait aucun moyen de célébrer cette journée, ici. Alors que c’était un grand moment sur la place Tiananmen, ici il y avait le feu aux stations de métro, des magasins détruits… Tout ça m’a brisé le cœur. » En Chine, « on a d’autres moyens de protester, affirme-t-elle. Pas sous forme de manifestations dans la rue ».

« Criquets »

Résidents chinois de Hongkong, touristes ou étudiants, les Chinois de Hongkong rasent les murs – de crainte de se retrouver brutalisés, ou insultés. Des cas de harcèlement ont eu un fort retentissement sur les réseaux sociaux : celui d’un journaliste du Global Times malmené à l’aéroport de Hongkong, en août, car il transportait, dans ses bagages, un tee-shirt de soutien à la police. Mais aussi le cas d’un jeune employé chinois de la banque JPMorgan, molesté devant son bureau début octobre.

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Près de 1,5 million des 7,5 millions de résidents permanents de Hongkong sont des Chinois immigrés du continent depuis 1997, l’année de la rétrocession – au rythme d’environ 50 000 par an – selon un processus administratif principalement contrôlé par… Pékin. Outre les enfants ou conjoints de Hongkongais figurent un nombre important de cols blancs – notamment dans le secteur de la finance, très tourné sur la Chine. « Hongkong est la ville de la finance, mais les grandes banques y recrutent surtout des Chinois pour traiter avec des clients sur le continent. Cela explique que toute une partie des cols blancs soutient le mouvement de protestation », explique le sinologue Jean-Pierre Cabestan.

Près de 12 000 étudiants de Chine continentale étudient dans les huit universités semi-publiques de la ville. Et 50 millions de touristes de Chine continentale la visitent chaque année – du moins jusqu’en 2018, ce flux ayant chuté en 2019. Les tensions liées à cette cohabitation ont donné naissance aux mouvements dits « localistes » du début des années 2010. Les jeunes militants s’attaquaient alors aux « criquets », comme ils décrivaient alors les hordes de touristes ou d’intermédiaires chinois qui achètent des produits et les revendent sur le continent.

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Une Chinoise d’une quarantaine d’années, qui occupe un poste de responsabilité dans un média étranger, à Hongkong, explique qu’elle évite de parler mandarin – les Hongkongais parlent cantonais – quand elle sort dans la rue, en famille, avec son fils et son mari, préférant utiliser l’anglais. Active, par le passé dans une ONG, en Chine, ce qui lui valut d’y être détenue, elle est très mal vue d’une partie des autres Chinois de Hongkong : « La communauté chinoise est totalement polarisée, explique-t-elle. Tous mes camarades de promotion qui travaillent dans des grandes banques chinoises ne me parlent plus. Ils sont très remontés contre les manifestations. Le paradoxe, c’est qu’ils tirent beaucoup d’avantages de vivre à Hongkong. Mais ils en obtiennent beaucoup aussi à soutenir le Parti communiste ».

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