« Pour sortir du bourbier au Sahel, il est urgent de repenser notre stratégie »

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Si elle veut éviter de quitter un jour le Sahel sous la pression populaire, la France doit se livrer à une « complète remise en question » des modalités de sa présence et accepter de laisser la première place aux acteurs locaux, souligne le général Bruno Clément-Bollée, ancien directeur de la coopération de sécurité et de défense au Quai d’Orsay, dans une tribune au « Monde ».

Publié aujourd’hui à 05h34 Temps de Lecture 7 min.

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Le 24 avril 2019, Nord Mali, près de Gossi, deuxième jour d'opération. Pause dans une zone aride.
Le 24 avril 2019, Nord Mali, près de Gossi, deuxième jour d’opération. Pause dans une zone aride. LAURENCE GEAI POUR LE MONDE

Pleure Djoliba, ils sont devenus fous ! Si les eaux du fleuve Niger, le mythique Djoliba des peuples riverains, pouvaient décrire le spectacle qu’elles contemplent aujourd’hui sur les terres sahéliennes qu’elles traversent, que de malheurs nous seraient contés. Au Sahel, égrener les dramatiques événements qui s’enchaînent – à l’exemple de la toute dernière attaque du poste d’Indelimane au Mali, au bilan humain effroyable –, et parallèlement constater le degré d’impuissance d’une communauté internationale pourtant massivement présente, est devenu, hélas, d’une désespérante banalité tant ces malheurs sont aujourd’hui la triste réalité du quotidien sahélien.

Le constat est, il est vrai, sans appel. Au plan sécuritaire, la montée en force des djihadistes est une réalité qu’on ne peut plus nier. Aujourd’hui, ce sont eux qui, sur le terrain, ont l’initiative du moment, du lieu et de la forme des affrontements. Les forces nationales et internationales qui les combattent, pourtant en nombre, sont cantonnées dans une posture de réaction. Les communiqués officiels masquent mal la réalité d’une situation de terrain qui n’est plus maîtrisée. Or, perdre l’initiative est la pire chose qui soit pour une armée, c’est le début du doute, qui s’insinue sournoisement dans les têtes.

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Mais le pire est peut-être ailleurs. Le ras-le-bol des populations crève les yeux face au vide des Etats et à l’inefficacité de « l’action » internationale. Progressivement, l’incompréhension entre populations et dirigeants s’est installée. La décrédibilisation de la classe politique, jugée globalement irresponsable et corrompue, atteint des sommets. Conséquence : face à l’incurie d’un système sécuritaire censé les protéger, les communautés villageoises n’ont d’autres choix que de confier leur sort à des milices recrutées en leur sein, incontrôlées, surajoutant un problème à une situation déjà très compliquée.

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L’opération « Barkhane » semble dans l’impasse

Sur le sujet du Sahel, la France a de quoi s’inquiéter. L’opération « Barkhane » semble dans l’impasse. Sa discrétion, son silence même, étonnent. La superbe de 2013 a laissé place à une morosité surprenante. Le malaise tient surtout à la perception locale de sa présence. Aujourd’hui, chaque événement dramatique est l’occasion de conspuer « Barkhane », qu’elle soit liée ou non à l’affaire en cours. La force est taxée d’inefficacité, d’inutilité, voire parfois même de complicité avec certains mouvements rebelles. A ce train, notre contingent ne sera-t-il pas obligé de quitter le théâtre un jour prochain sous une pression populaire et non sécuritaire, simplement parce que l’idée même de sa présence au Sahel sera devenue insupportable.

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