A Calais, la mort d’un jeune migrant dans sa tente tend les relations entre les associations et la mairie

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La maire (LR) de la ville, Natacha Bouchart, a récemment pris un arrêté qui, selon les associations, empêche les distributions de repas aux candidats à l’exil.

Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 15h52, mis à jour à 15h59

Temps de Lecture 3 min.

Un campement de migrants à Calais, en février 2019.
Un campement de migrants à Calais, en février 2019. PHILIPPE HUGUEN / AFP

Au lendemain de la mort d’un jeune exilé dans sa tente, la polémique sur les conditions d’accueil des migrants à Calais enfle, samedi 2 novembre. Les associations et la gauche dénoncent une situation « indigne », et critiquent d’une même voix un arrêté municipal pris à l’occasion des festivités culturelles.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, selon plusieurs associations, un jeune Nigérian âgé d’« environ 22 ans » est décédé « par intoxication au monoxyde de carbone » en essayant de faire « un petit feu dans une boîte de conserve pour cuisiner et se réchauffer » dans sa tente, rue des Huttes, où des distributions de repas sont régulièrement assurées.

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« Ce décès est vraiment symbolique, au moment où la municipalité a voulu écarter les migrants et les bénévoles qui les aident du centre-ville pour des raisons, entre guillemets, d’ordre public », a déclaré samedi à l’Agence France-Presse François Guennoc, vice-président de l’Auberge des migrants. Selon La Voix du Nord, deux rassemblements doivent avoir lieu samedi.

Un arrêté municipal très contesté

Jeudi, une vingtaine d’associations et collectifs d’aide aux migrants, comme la Fondation Abbé-Pierre et le Secours catholique du Pas-de-Calais, avaient dénoncé un arrêté municipal pris le 18 octobre par la maire de Calais Natacha Bouchart (LR). Pour ce collectif, l’arrêté a pour effet d’interdire les distributions de repas en centre-ville.

Cette décision — justifiée notamment par « les troubles à l’ordre public (…) générés par les attroupements de migrants » — a été prise par la maire de Calais pour garantir « la bonne organisation » et la « sécurité » des festivités culturelles dans sa ville : 300 000 personnes sont en effet attendues ce week-end, pour un spectacle urbain de trois jours autour d’un gigantesque dragon. Venu sur place vendredi 1er novembre, le ministre de l’intérieur Christophe Castaner a soutenu la maire pour l’organisation de ce spectacle, qu’il a qualifié de « reconquête républicaine et culturelle ».

Le spectacle du Dragon, vendredi 1er novembre, à Calais. Cette nouvelle attraction touristique a entraîné la maire de Calais à prendre un arrêté municipal très contesté par les associations.
Le spectacle du Dragon, vendredi 1er novembre, à Calais. Cette nouvelle attraction touristique a entraîné la maire de Calais à prendre un arrêté municipal très contesté par les associations. FRANCOIS LO PRESTI / AFP

Dans un communiqué intitulé « l’arrêté de la honte », plusieurs partis politiques de gauche (Europe Ecologie-Les Verts, Génération. s, La France insoumise, le Parti communiste et le Parti socialiste de Calais et du Calaisis) ont dénoncé « un nouvel épisode d’une démarche politique malsaine désormais bien rodée, qui stigmatise et divise au lieu de rassembler et de partager ». « Cet arrêté dénie aux migrants leur part d’humanité en les catégorisant comme des parasites qu’il faut cacher, emmurer », ont-ils ajouté.

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Teddy Lauby, chef de file PS pour les élections municipales à Calais, a pour sa part jugé le texte « totalement choquant, inhumain et scandaleux ». « Un spectacle grandiose, c’est très bien, mais il ne faut pas oublier la dignité humaine. Notre ville, ce n’est pas un parc d’attractions où on sélectionne ceux qui ont le droit d’entrer », a-t-il déclaré à l’AFP. Sollicitée, la municipalité n’a pas souhaité communiquer sur le sujet.

400 à 500 migrants présents sur place

La polémique intervient alors que plusieurs migrants sont morts ces dernières semaines en tentant de rejoindre l’Angleterre. Mi-octobre, deux migrants ont été retrouvés morts sur une plage au Touquet, une première dans le Pas-de-Calais. Huit jours plus tard, les corps de 39 migrants étaient retrouvés dans un camion frigorifique près de Londres.

« Il y a donc eu 42 morts sur la frontière franco-britannique en deux semaines », a affirmé M. Guennoc, en réitérant l’appel à « la possibilité d’un accès légal à la Grande-Bretagne ». Les conditions d’accueil à Calais « sont indignes et inhumaines et on maintient ces gens-là dans une précarité telle, qu’il y a malheureusement trop de décès », a également déclaré à l’AFP Antoine Nehr, coordinateur d’Utopia 56 pour Calais.

A l’approche de l’hiver, les deux associations déplorent « les manquements criants de l’Etat face à ses responsabilités en matière de droits des exilés ». « Entre autres, face à la chute des températures, aucune mise à l’abri pérenne n’existe, ce qui expose les personnes exilées à des risques potentiellement mortels », ont-elles insisté.

Selon les associations, des maraudes et distributions de repas continuent « en s’adaptant » pour les « 400 à 500 » exilés se trouvant actuellement à Calais dans l’espoir de rejoindre les côtes britanniques.

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