à Bagdad, la contestation de la place Tahrir résiste à la répression

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En Irak, le mouvement antigouvernemental continue de mobiliser au-delà des divisions confessionnelles, contre le pouvoir mais aussi son parrain iranien.

Par Publié aujourd’hui à 06h56, mis à jour à 06h56

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Des manifestants aident un camarade blessé près du pont Al-Sinak, à Bagdad, le 1er novembre.
Des manifestants aident un camarade blessé près du pont Al-Sinak, à Bagdad, le 1er novembre. AHMAD AL-RUBAYE / AFP

Dès la nuit tombée, place Tahrir, au centre de Bagdad, les sirènes stridentes des ambulances recouvrent à intervalles rapprochés les rythmes de musique irakienne. A quelques mètres des haut-parleurs autour desquels s’agglutinent de jeunes danseurs enfiévrés, des blessés arrivent par dizaines, suffocants, vendredi 1er novembre.

Portés à bout de bras par leurs camarades ou transportés à l’arrière de tuk-tuk qui fendent la foule à toute vitesse depuis la « ligne de front », ils sont amenés au premier poste médical improvisé. Certains sont inconscients, d’autres secoués de tremblements, s’époumonent dans de profonds râles, jusqu’à vomir parfois. « On n’a plus d’oxygène, crie Mousab, un médecin militaire de 22 ans qui officie bénévolement. Ils sont empoisonnés. C’est un massacre ! »

A une centaine de mètres de là, les grenades lacrymogènes pleuvent sur les jeunes hommes, massés par centaines derrière des murs de blocs de béton à l’entrée des ponts Al-Joumhouria et Al-Sinak. Face à eux, séparés d’une centaine de mètres et d’autres blocs de béton, les forces de sécurité leur barrent l’accès à la « zone verte », le quartier ultra-sécurisé de la capitale qui regroupe les institutions du pays et les résidences des hommes politiques.

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Les manifestants tombent comme des mouches. Rares sont ceux à porter des masques à gaz. Ils n’ont souvent que de simples foulards sur le visage, imbibés d’un mélange de levure et d’eau, ou des masques de protection médicale. Et des gants pour écarter les grenades.

« Ils ne tirent pas en l’air. Ils visent la tête »

« Les cartouches de gaz sont périmées depuis 2014. Depuis quelques jours, le gaz chimique est différent. Il engendre des symptômes étranges, des suffocations sévères et il affecte le système nerveux et musculaire. Certains en sont morts », indique le docteur Ahmed, un autre bénévole, dubitatif. Ces inquiétudes ont été relayées par la Commission irakienne des droits de l’homme qui a appelé, vendredi, le ministère de la santé à procéder à des analyses. Alors que déjà plus de 105 personnes ont été tuées à Bagdad et dans le sud du pays depuis le 25 octobre, selon un bilan provisoire, la commission gouvernementale déplore aussi un nombre accru de morts causées par des tirs de balles en caoutchouc.

L’une des dernières victimes de la place Tahrir est une jeune ambulancière bénévole, Nour Rahim, qui aurait été touchée à la tête par une grenade lacrymogène. « Ils ne tirent pas en l’air. Ils visent la tête », assure Mohamed, un manifestant de 27 ans du quartier populaire chiite de Sadr City. Au moins cinq autres personnes ont été tuées par ces grenades « brise-crâne », dix fois plus lourdes que la normale, a confirmé Amnesty International dans un rapport publié jeudi. D’origine serbe et bulgare, ces grenades « n’ont jamais été vues avant », affirme l’ONG, estimant qu’« elles visent à tuer et pas à disperser ». Cette nouvelle arme létale a remplacé les tirs à balles réelles, principale cause de la mort de plus de 157 personnes lors de la première vague de manifestations du 1er au 6 octobre.

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