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Dans son texte publié le 5 mars, le président n’invoque plus le couple franco-allemand, ni la zone euro. Il veut susciter de nouvelles dynamiques pour faire avancer l’Union, estime dans sa chronique Sylvie Kauffmann, éditorialiste au « Monde ».
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Chronique. Pourquoi s’adresser directement aux « citoyens de l’Europe », comme l’a fait Emmanuel Macron dans sa lettre du 5 mars, plutôt que de cosigner un texte avec quelques dirigeants de pays membres de l’UE qui partagent ses convictions ?
Arrogance gauloise, ne manqueront pas de répondre ceux auxquels les initiatives françaises, quelles qu’elles soient, donnent des boutons (ne pas les sous-estimer). Calcul électoral, diront d’autres, plus hexagonaux (ne pas s’indigner : il y a des élections au Parlement européen le 26 mai). Ego menacé par l’hubris, ajouteront les adeptes de la psychologie du politique (ne pas l’exclure).
Peut-être y a-t-il un peu de tout cela. Le président français met aussi à profit la faiblesse du leadership dans l’UE et l’absence d’incarnation du grand projet européen. Malgré sa popularité, la plus ancienne dirigeante sur la scène de l’Union, la chancelière Angela Merkel, est en train de passer le relais à la tête de son pays ; elle n’est plus une force de proposition. Le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, est aussi sur le départ. Le Brexit a privé le continent de tout ce que le Royaume-Uni compte de voix créatives. M. Macron lui-même est un survivant politique qui, en revenant à la vie, constate que personne n’a encore pris sa place. Même Mark Rutte, le premier ministre néerlandais, qui se fait plus visible ces derniers temps et dont le nom circule comme successeur de Donald Tusk à la tête du Conseil européen, n’a pas suffisamment occupé le terrain.
Des nouveaux cercles excentrés
Un autre facteur justifie la démarche de M. Macron : la panne des formats traditionnels de coopération entre Etats au sein de l’Union. Longtemps, les dirigeants européens ont raisonné en termes de cercles concentriques : au centre, le tandem/couple/moteur franco-allemand, le format le plus intégré. Autour, les petits groupes ad hoc : on a vu le « E3 » à l’œuvre (Allemagne, France et Royaume-Uni) pour l’accord sur le nucléaire iranien. Le triangle de Weimar (France, Allemagne et Pologne) a rejoint dans les pièces de musée le format à 4 (France, Allemagne, Italie et Espagne), mais il est arrivé qu’on travaille à 6, les six pays fondateurs, ou les six pays les plus peuplés. Dans les cercles plus larges, le plus important et le plus structuré est bien entendu celui de la zone euro, qui compte 19 des 28 pays de l’Union.
Avec l’élargissement, d’autres cercles se sont créés, mais ceux-là sont souvent excentrés, plutôt que concentriques. Ils reflètent les divisions de l’Europe et non ses différents degrés d’intégration. C’est le groupe de Visegrad (Pologne, Hongrie, République tchèque et Slovaquie), l’Initiative des Trois-Mers (pays de la Baltique à l’Adriatique et la Mer Noire, regroupés autour de la Pologne), ou encore la nouvelle Ligue hanséatique, gentiment surnommée Blanche-Neige et les sept nains, créée à l’initiative des Pays-Bas et qui regroupe huit pays attachés au libéralisme économique.
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