Entre Israël et Cisjordanie… quelle heure est-il sur la « ligne verte » ?

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Quand les territoires palestiniens passent à l’heure d’hiver vingt-quatre heures avant l’Etat hébreu, il suffit de tourner de faire deux cents mètres à Jérusalem pour être en retard à un rendez-vous…

Par Publié aujourd’hui à 02h13

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LETTRE DE JÉRUSALEM

Le quartier de Silwan, à Jérusalem-Est, en avril 2018.
Le quartier de Silwan, à Jérusalem-Est, en avril 2018. THOMAS COEX / AFP

J’ai rendez-vous à Bethléem, samedi 26 octobre. A 13 h 30 je sors de chez moi, à Talpiot-Est, excroissance paisible d’un vieux quartier industriel situé dans le sud de Jérusalem, qui fait face à la vieille ville et au mont des Oliviers, depuis une hauteur.

Arrivé au bout de ma rue, je consulte une application israélienne de guidage routier sur mon téléphone : il est 14 h 34. Je suis en retard. Comment une heure a-t-elle pu s’écouler, dans l’intervalle de 200 mètres environ qui me sépare de ma porte ?

Il me faudra un moment pour comprendre que les territoires palestiniens sont passés à l’heure d’hiver cette nuit, tandis qu’Israël ne le fera que ce soir. Durant ce samedi chômé, une heure sépare les deux entités. Ma maison à Jérusalem se trouve en Israël, juste au bord de la ligne verte de démarcation, issue de l’armistice de 1949 avec la Jordanie, que plus personne ne parvient aujourd’hui à situer précisément. Sous mes fenêtres s’étend le quartier palestinien de Silwan, à Jérusalem-Est, conquis et annexé par Israël après la guerre de 1967.

Lorsqu’on s’engage dans cette vallée par la route, le passage est évident : de nuit, les réverbères s’espacent, on n’y voit bientôt plus rien et les nids-de-poule se multiplient dans l’asphalte. Mais mon téléphone a été induit en erreur par cette proximité : il est passé automatiquement hier soir à l’heure palestinienne, puis à l’heure israélienne une fois atteint le bout de ma rue.

Patchwork de fuseaux horaires

En principe, je ne suis pas en retard à mon rendez-vous. Ma consœur Claire Bastier, du Monde, m’attend de l’autre côté de l’éphémère fuseau horaire, derrière le point de contrôle qui barre l’entrée de Bethléem, en Cisjordanie. Mais voilà : la puce du téléphone portable de Claire est israélienne, comme celle de nombreux Palestiniens et comme la mienne. Cette puce ignore qu’elle se trouve de plain-pied en territoire palestinien. Claire m’attendra une heure sous les premières gouttes de pluie d’une microtornade méditerranéenne.

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De tels quiproquos sont plus rares aujourd’hui, depuis qu’Israël et l’Autorité palestinienne ont accordé leurs dates de passage aux heures d’été et d’hiver, sans trop se le dire. En 2013, le Parlement israélien avait fini par voter une synchronisation du changement d’heure avec l’Union européenne (UE), son principal partenaire commercial. Il a lieu le dernier dimanche de mars, puis le dernier dimanche d’octobre.

Cet ajustement avait été permis par une sortie du gouvernement des partis religieux ultraorthodoxes, qui maintenaient jusqu’alors le passage à l’heure d’hiver au dernier samedi avant les fêtes religieuses de Yom Kippour. Le jeûne qui lui est associé s’achevait ainsi une heure plus tôt, à la tombée de la nuit, ce qui pouvait encourager les croyants à le respecter. Ces fêtes sont liées au calendrier lunaire, l’écart d’Israël avec l’UE comme avec les territoires palestiniens fluctuait donc selon les années dans le calendrier grégorien (solaire) : en 2013, avant le vote du Parlement, le décalage horaire avait duré vingt-cinq jours.

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