En Irak, les familles de l’Etat islamique vivent dans l’ostracisme

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De retour dans leur ville d’origine, après que l’EI a été chassé de Mossoul, des femmes racontent leur isolement au sein de la société.

Par Publié aujourd’hui à 11h35

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Des femmes irakiennes dans un marché de Bagdad, le 24 octobre 2019.
Des femmes irakiennes dans un marché de Bagdad, le 24 octobre 2019. AHMAD AL-RUBAYE / AFP

La grande villa de plain-pied résonne de cris et de rires. Courant d’une pièce à l’autre, la quinzaine d’enfants, dont le plus âgé n’a pas 10 ans, vient parfois tendre une oreille curieuse aux discussions de leurs mères, assises en cercle sur des matelas au sol. Enveloppée d’un grand voile noir sur son corps imposant, Leïla Aïd Moutar, la matriarche, préside à cette assemblée de sept femmes, ses filles et belles-filles.

Elles sont intarissables sur le calvaire qu’est devenue leur vie depuis que l’organisation Etat islamique (EI) a été chassée de Mossoul à l’été 2017. Mère, sœurs et épouses de combattants de l’EI, disparus, morts ou arrêtés à la libération de la grande métropole du nord de l’Irak, elles vivent depuis un an recluses dans leur maison de Hammam Al-Alil, à 30 kilomètres plus au sud, seules avec le père de famille, très malade.

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« On n’a pas de travail, pas de sécurité et personne pour prendre soin de nous. On vit toutes sur la retraite de 400 dollars de mon mari, qui était dans l’armée de Saddam Hussein. On ne reçoit d’aide ni des ONG ni des anciens de l’EI. On peut difficilement tenir jusqu’à la fin du mois. On a des dettes au marché », raconte la matriarche de 49 ans. Deux de ses trois fils ont rejoint l’EI. Lorsque le groupe djihadiste avait battu en retraite de Hammam Al-Alil vers Mossoul, à l’automne 2016, toute la famille avait suivi, jusqu’au quartier d’Al-Tanak. Depuis la libération, aucun des trois fils n’est revenu : l’un est mort, un autre a disparu et le troisième est en prison.

La mort du chef de l’EI, Abou Bakr Al-Baghdadi, le 27 octobre, ne changera rien à leur sort. Les cellules dormantes de l’EI sont déjà en pleine recomposition en Irak ; tous ceux qui y ont un jour lié leur destin sont comme marqués au fer rouge. Ostracisés par ceux, nombreux, qui ont souffert des cruelles exactions de l’Etat islamique, la plupart sont confrontés à des fonctionnaires rétifs à leur établir de nouveaux documents d’identité, précieux sésame pour se déplacer ou faire valoir leurs droits à l’éducation, à la santé, à la justice, aux aides sociales et aux compensations, mais aussi à l’emploi et au logement.

Sans papiers

Certificats de naissance, de mariage ou cartes d’identité : comme ces femmes de Hammam Al-Alil, près de 80 000 familles en Irak sont sans papiers parce qu’elles les ont perdus dans leur fuite, parce qu’ils leur ont été confisqués, ou parce qu’ils ont été établis par l’administration de l’Etat islamique et sont sans aucune valeur, selon un rapport de l’ONG Norwegian Refugee Council (NRC) publié en septembre. Le problème est particulièrement grave pour les enfants – dont au moins 45 000 seraient concernés dans les seuls camps de déplacés, selon le NRC – qui se retrouvent de facto apatrides. Ils courent le risque, estime le NRC, « d’être condamnés à une vie aux marges de la société ». Une marginalisation dont se nourrit le groupe djihadiste pour recruter à nouveau.

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