« Cette marée noire, c’est notre Tchernobyl »

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Depuis la fin août, 2 500 km de côtes ont été souillés par du pétrole au Brésil. L’origine de la pollution, qui continue, reste inconnue.

Par Publié aujourd’hui à 02h39

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Des employés municipaux nettoient les résidus de pétrole sur la plage Barra de Jacuipe à Camacari, dans l’Etat de Bahia, le 22 octobre.
Des employés municipaux nettoient les résidus de pétrole sur la plage Barra de Jacuipe à Camacari, dans l’Etat de Bahia, le 22 octobre. LUCAS LANDAU / REUTERS

Il n’est que 7 heures du matin, mais la plage paradisiaque de Busca Vida (« Cherche la vie ») sent déjà la mort. Au nord de Salvador, déposées par les vagues, des milliers de galettes et de billes de pétrole, de la taille d’un ongle ou d’un poing, tracent un sillon obscur sur des kilomètres de rivage. Çà et là, des cadavres de mollusques grillent au soleil. Un calmar inerte fixe le ciel d’un œil noir. Tous sont des victimes de la marée noire qui frappe les côtes du Nordeste, déjà considérée comme la pire catastrophe écologique de toute l’histoire du littoral brésilien.

« Ne remplissez pas les sacs à ras bord ! Ne vous grattez pas ! Et mettez vos masques ! », ordonne un jeune homme, chef improvisé d’une équipe de près de vingt volontaires venus de bon matin nettoyer Busca Vida. Parmi eux, des surfeurs, une kiné, un cinéaste, plusieurs militants – un petit concentré de Bahia. Car ici comme nulle part ailleurs, l’océan s’inscrit dans la vie quotidienne, dans la gastronomie, dans la mystique religieuse afro-brésilienne du candomblé. La mer qui meurt, c’est une culture qui s’éteint. « Cette catastrophe, c’est notre Tchernobyl », résume Henrique Dantas, masque à gaz autour du cou et truelle à la main, venu porter secours à « sa » plage bien-aimée.

La comparaison en dit long sur l’ampleur du désastre. Dans le Nordeste, depuis fin août, 2 500 kilomètres de côte ont été souillés par le pétrole. Face au drame, les Nordestins, dans un extraordinaire élan citoyen, se sont élancés par milliers vers la mer, agenouillés dans le sable pour nettoyer, gratter, astiquer la plage, descendant en famille ou par villages entiers – souvent dans la plus grande confusion. Adultes et parfois enfants s’immergent dans l’eau poisseuse, poussant à main nue les nappes de pétrole. Des dizaines de cas d’intoxication ont été rapportés par les hôpitaux.

Mobilisation

Malgré le danger, la mobilisation ne faiblit pas. Au contraire. Car il y a urgence à pallier les manquements d’un gouvernement jusqu’à présent passif face à la catastrophe, qui affecte pourtant 9 des 27 Etats de la fédération brésilienne. « Le Nordeste est puni, car il a voté massivement à gauche, contre Jair Bolsonaro, aux dernières présidentielles de 2018. Si tout ça arrivait à Rio ou dans le Sud, le pouvoir agirait, c’est sûr », grommelle Henrique. Officiellement, aujourd’hui, marine et armée sont mobilisées. « Mais personne ne sait ce qu’ils font exactement. Ici, on ne les a toujours pas vus arriver ! », se plaint un haut responsable de l’Etat de Bahia.

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