La démocratie indonésienne en question

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La réélection du président Joko Widodo, personnalité libérale, n’empêche pas le plus grand pays musulman du monde, déjà aux prises avec un islamisme virulent, de dériver vers l’illibéralisme politique.

Par Publié aujourd’hui à 06h00

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Le ministre indonésien de la défense, Prabowo Subianto (à gauche),  le président indonésien, Joko Widodo, et son épouse, Iriana Widodo, au à Jakarta, le 23 octobre 2019.
Le ministre indonésien de la défense, Prabowo Subianto (à gauche),  le président indonésien, Joko Widodo, et son épouse, Iriana Widodo, au à Jakarta, le 23 octobre 2019. ANTARA FOTO / REUTERS

Analyse. L’intronisation du président Joko Widodo pour un deuxième mandat, le 20 octobre, vient de relancer le débat sur le déclin de la démocratie indonésienne : ce chef de l’Etat de 58 ans à la réputation d’« homme du peuple », par ailleurs symbole de la tolérance interconfessionnelle dans un archipel travaillé par l’islamisme et menacé par la violence djihadiste, est sous la pression d’une oligarchie conservatrice, qui domine la scène politique.

C’est cette élite qui menace les acquis démocratiques arrachés de haute lutte lors des manifestations populaires qui précipitèrent la chute du dictateur Suharto, en 1998. C’est elle aussi qui pousse au raidissement autoritaire cet archipel de 260 millions d’âmes, puissance émergente de l’Asie et archipel à la position stratégique entre océans Indien et Pacifique.

Les experts relèvent que, sous la présidence de Susilo Bambang Yudhoyono (2004-2014), la démocratisation avait commencé à opérer un certain recul. Avec pour conséquence l’érosion de certaines libertés citoyennes. La dérive ne cesse de s’accentuer : « la démocratie libérale est en état de siège face aux élites politiques liées aux principaux partis en cheville avec les oligarques et les barons des médias », estime Tim Lindsey, directeur du Centre de recherche sur l’Indonésie, à l’université de Melbourne.

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Alors même qu’il démarre un second mandat de cinq ans après sa victoire sans conteste lors de la présidentielle d’avril, « Jokowi », (le surnom du président) ne peut ignorer le pouvoir de ces élites, dont les affidés trustent la majorité des sièges à la Chambre des représentants (Assemblée nationale). Ces derniers sont à l’origine d’une concession majeure de M. Widodo : le président n’a rien fait pour s’opposer à une loi passée récemment au Parlement, qui affaiblit considérablement les pouvoirs de l’agence anticorruption, la très populaire « KPP », dont l’entêtement à punir les hommes d’affaires corrompus menaçait les intérêts des oligarques. « Jokowi », dont le libéralisme sociétal se conjugue avec le pragmatisme économique, a dû céder. Il n’a pas utilisé un décret présidentiel pour amender cette loi. Donnant l’impression de se plier aux desiderata d’un monde des affaires aux pratiques souvent douteuses. Tout cela au grand dam de certains de ses partisans, qui l’ont réélu à 55,5 %, le 17 avril.

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« Les droits de l’homme ne sont pas sa priorité », regrette Dian, 37 ans, de retour à Djakarta après des études de sciences politiques aux Etats-Unis et qui a voté pour le président lors des deux élections de 2014 et 2019 ; « Jokowi ne semble pas non plus désireux d’empêcher les partis conservateurs et islamistes de défendre au Parlement des positions très réactionnaires ». La jeune femme reproche au président de ne pas suffisamment s’opposer à un projet de réforme du code pénal qui inclut une loi prévoyant plusieurs mois d’emprisonnement en cas de relations sexuelles hors mariage.

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