« Le vrai danger, c’est quand les ultrariches ont un poids politique démesuré »

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Pour l’économiste, aux Etats-Unis, l’influence des très fortunés sur les programmes des candidats, donc sur leurs décisions, « est massive ».

Propos recueillis par Publié aujourd’hui à 16h00

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Thomas Philippon est professeur de finance à New York University. Il a été conseiller économique du ministre des finances Pierre Moscovici (en 2012-2013) et vient de publier The Great Reversal. How America Gave Up on Free Markets aux éditions Belknap Harvard (368 pages, non traduit).

La France a su construire après-guerre un système social et fiscal basé sur la solidarité. Comment les plus riches l’ont-ils alors accepté ?

La seconde guerre mondiale a eu deux effets fondamentaux. Le stock de capital a été détruit : les familles qui avaient beaucoup de capital en ont perdu une partie non négligeable, il faut tout reconstruire. Le niveau d’inégalités est alors très faible. Cela crée une situation de départ quasi unique dans l’histoire du monde. Tout aussi important, l’effort de guerre a fait que des plus riches aux plus pauvres, tous se sentent sur le même bateau.

Là encore, il y a peu d’exemples dans l’histoire du monde où des nations se mettent d’accord sur un but commun. Cet effet fédérateur a permis aux démocraties libérales de créer un système d’Etat-providence, la sécurité sociale.

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Les citoyens se sont dit : nous avons vécu l’enfer ensemble, nous sommes capables d’assurer une certaine solidarité entre nous. C’était une évidence à l’époque, ça l’est beaucoup moins aujourd’hui. Il y a eu une fenêtre d’opportunité. Les crises financières et économiques n’ont pas du tout eu le même effet, ça divise, car le plus souvent les coupables sont à la maison.

Quels sont les risques liés à l’accumulation de fortune des ultrariches ?

Dans les démocraties libérales, les inégalités les plus nocives sont celles qui donnent un pouvoir trop élevé aux plus riches. Les inégalités économiques – de revenus – sont très fortes, les 1 % les plus riches ont une grosse partie de la richesse nationale, mais l’influence politique est encore plus inégalitaire. Si les plus riches détiennent 20 % de la richesse, ils accaparent 80 % du poids politique. Le vrai danger est là, lorsque les plus fortunés obtiennent un poids politique démesuré.

L’interaction des inégalités économiques avec le système politique, c’est la barrière à ne pas franchir, et c’est pourtant ce qui s’est passé aux Etats-Unis. L’influence des très très riches sur les programmes des candidats est massive, donc les politiques qui pourraient avoir un impact sur les plus riches ne passent pas.

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Il ne peut pas y avoir de débat raisonnable sur la fiscalité de l’héritage dans un pays où les inégalités sont aussi délirantes qu’aux Etats-Unis, car les très riches qui ne veulent pas être taxés davantage peuvent monter des campagnes de presse. L’Europe s’est dotée d’institutions qui savent beaucoup mieux résister au lobbying, comme la BCE ou la direction générale de la concurrence de la Commission européenne, car on leur a donné une indépendance très forte.

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