les manifestants à nouveau dans la rue malgré les annonces

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Lundi, le premier ministre Saad Hariri a annoncé des réformes économiques d’urgence. Sans grand effet : mardi soir, de nombreux Libanais ont manifesté à Beyrouth et dans plusieurs villes.

Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 09h08

Temps de Lecture 2 min.

Des manifestants à Tyr, dans le sud-ouest du Liban, le 22 octobre.
Des manifestants à Tyr, dans le sud-ouest du Liban, le 22 octobre. AZIZ TAHER / REUTERS

Des annonces sans lendemains qui chantent. Les Libanais sont descendus par dizaines de milliers dans les rues mardi 22 octobre, pour le sixième jour consécutif, malgré les réformes économiques d’urgence concédées lundi par le pouvoir. Dans la soirée, comme si les annonces faites la veille par le premier ministre Saad Hariri n’avaient pas eu lieu, les manifestants ont à nouveau envahi les rues de Beyrouth et de nombreuses autres villes du pays.

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Les lueurs de milliers de téléphones portables et une forêt de drapeaux libanais ont salué l’apparition de slogans prouvant une volonté intacte de poursuivre la lutte : « Révolution jusqu’à la victoire ! », « Manifestations, manifestations jusqu’à la chute du régime ! » Dans les rues de Beyrouth, un groupe de jeunes juchés sur une voiture a appelé en chantant à la « désobéissance civile ». « Ils croient que ce sera terminé demain, mais demain nous serons toujours là », a lancé au micro et sous les vivats un jeune homme sur l’estrade installée place des Martyrs, au cœur de la capitale.

Un rassemblement s’est aussi formé devant le siège de la Banque centrale. « Nous ne paierons pas les taxes. Que les banques les payent ! », ont scandé les manifestants. Les banques, les écoles et les universités sont restées fermées, et elles le seront à nouveau mercredi.

Infrastructures en déliquescence

Le scepticisme de la foule, mêlé de colère, s’était fait sentir dès l’annonce lundi soir par Saad Hariri de son plan qui se voulait pourtant décisif : mesures contre la corruption, budget sans nouveaux impôts, programme de privatisations pour lutter contre la gabegie des services publics, aides en faveur des plus défavorisés…

Son discours à peine terminé, les slogans-phares de la contestation ont retenti de plus belle, notamment celui réclamant le départ immédiat de l’ensemble des responsables politiques : « Tous, cela veut dire tous ! »

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Manifestation à Tripoli, dans le nord-ouest du Liban, le 22 octobre.
Manifestation à Tripoli, dans le nord-ouest du Liban, le 22 octobre. OMAR IBRAHIM / REUTERS

Depuis la fin de la guerre civile en 1990, les infrastructures du pays sont restées en déliquescence et les Libanais font toujours face à des coupures quotidiennes d’eau et d’électricité. Selon le chercheur en sciences politiques Karim El-Mufti, il aurait fallu des « mesures beaucoup plus radicales », au-delà d’annonces économiques d’urgence, pour convaincre les Libanais qui réclament une refonte en profondeur du système. Heiko Wimmen, analyste à l’International Crisis group, est du même avis : « Il s’agit de mesures techniques qui peuvent améliorer la situation budgétaire du pays mais ne sont pas à la hauteur du défi posé par les manifestants. »

Série de consultations

Déclenché par l’annonce le 17 octobre d’une nouvelle taxe sur les appels effectués via la messagerie WhatsApp, le mouvement de colère a pris les responsables politiques de court. L’annulation rapide de la mesure n’a pas empêché la colère de prendre de l’ampleur. Fait aussi rare que marquant, la mobilisation a gagné l’ensemble du pays et un tabou a été brisé dans les fiefs chiites du Hezbollah pro-iranien, où même son leader Hassan Nasrallah a été pris à partie par la foule.

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M. Hariri a entamé de son côté une série de consultations avec des ambassadeurs à Beyrouth pour leur présenter son plan de réformes en espérant, selon un de ses conseillers, « des réactions très positives ». Faute des réformes structurelles promises, le Liban est toujours dans l’attente du versement d’une aide de 11 milliards de dollars promise en avril dernier par des pays donateurs.

Les réformes adoptées par le gouvernement Hariri

Finances publiques :

  • Réduction du déficit de l’Etat à 0,63 % du produit intérieur brut (PIB) en 2020, contre 7,59 % dans le budget 2019.
  • Baisse de 50 % des salaires des actuels et anciens présidents, ministres et députés.
  • Suppression par mesure d’économie de certains ministères et organismes étatiques, en particulier du ministère de l’information.
  • Contribution de la Banque centrale et des banques commerciales à une réduction du déficit public à hauteur de 5 100 milliards de livres libanaises (3 milliards d’euros). Ce montant comprend les recettes escomptées d’une hausse de l’impôt sur les profits des banques.
  • Baisse du déficit d’Electricité du Liban (EDL) de 1 000 milliards de livres (600 millions d’euros).
  • Lancement d’une étude sur une privatisation partielle ou totale de plusieurs institutions publiques et secteurs dont celui de la téléphonie mobile, le port de Beyrouth, le Casino du Liban et la Middle East Airlines (MEA).

Mesures sociales :

  • Adoption avant la fin 2019 d’un nouveau régime de retraite et de protection sociale.
  • Allocation de 20 milliards de livres supplémentaires (11,9 millions d’euros) au programme de soutien aux ménages les plus démunis.
  • Accélération de l’obtention d’un prêt d’environ 100 millions de dollars de la Banque mondiale, assorti d’un taux d’intérêt de 1 %, pour soutenir les classes défavorisées.
  • Subvention des prêts logement à hauteur de 160 millions de dollars.
  • Adoption, d’ici la fin 2019, d’une loi d’amnistie dont les termes restent à définir.

Lutte contre la corruption :

  • Création d’une Autorité nationale de lutte contre la corruption.
  • Arrêt du financement de nouveaux projets d’infrastructure par l’Etat, qui fera appel à d’autres sources, notamment des investissements directs étrangers. Le but affiché est d’éviter le « gaspillage et la corruption ».
  • Installation de scanners pour traquer la contrebande et renforcement des sanctions imposées aux contrevenants.
  • Elaboration d’un projet de loi sur la récupération de l’argent public volé.

Infrastructures :

  • Attribution, d’ici quatre mois, des licences pour la construction de nouvelles centrales électriques.
  • Lancement de la première phase du plan d’investissement dans les infrastructures approuvé lors de la conférence d’aide internationale qui s’est déroulée à Paris en avril 2018.
  • Lancement des projets de développement des axes routiers aux entrées nord et sud de Beyrouth.
  • Mise en place d’autorités de régulation des secteurs de l’énergie, des télécommunications, de l’aviation civile ainsi que de la Bourse de Beyrouth.

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